Une agence de la banque Barclays dans le centre de Londres (Photo : Ben Stansall) |
[10/02/2012 11:10:33] LONDRES (AFP) La banque britannique Barclays a tenté de désamorcer une nouvelle polémique en annonçant vendredi une baisse d’un quart des bonus versés cette année, alors que ses résultats 2011 ont été pénalisés par les mauvaises performances de sa banque d’investissement.
Le groupe, première des grandes banques britanniques a annoncer ses résultats, a fait état d’une chute de 16% de son bénéfice net annuel en 2011, à 3,00 milliards de livres (3,5 milliards d’euros).
La banque d’investissement Barclays Capital (BarCap) a particulièrement souffert de la volatilité des marchés et de la crise en zone euro.
Les bonus versés au titre de l’exercice seront en baisse de 25%, à 2,15 milliards de livres, en pleine polémique en Grande-Bretagne sur le montant de ce type de rétributions. Chez BarCap, ils seront abaissés de 32%, même s’ils restent conséquents avec un bonus moyen par employé de 64.000 livres…
En revanche, la banque n’a donné à ce stade aucun détail sur le bonus du directeur général Bob Diamond – l’un des banquiers les plus décriés du pays – qui ne devrait être dévoilé qu’au mois de mars.
Le dirigeant, qui pourrait selon la presse recevoir trois millions de livres de bonus et jusqu’à un total de onze millions en gratifications diverses, a refusé d’évoquer son propre cas.
“Nous devons trouver un équilibre entre maintenir notre compétitivité et rester à l’écoute de l’opinion publique”, a simplement commenté M. Diamond.
Le sujet est d’autant plus explosif que la grande majorité des Britanniques doivent se serrer la ceinture dans le cadre du plan d’austerité draconien mis en oeuvre par le gouvernement, alors que l’économie s’est en outre contractée fin 2011.
Le patron de la Royal Bank of Scotland (RBS), une banque nationalisée lors de son sauvetage durant la crise financière, vient d’être contraint de renoncer à son bonus sous la pression politique et médiatique.
Le directeur de Lloyds Banking Group, autre banque dont l’Etat est actionnaire, y avait pour sa part renoncé d’emblée, coupant court à toute polémique.
Le ministre des Finances conservateur George Osborne a même fini par mettre en garde contre l’instauration d’une “culture anti-affaires”, et des dirigeants de la City ont dénoncé un climat de “chasse aux sorcières”.
Pour ce qui est de Barclays, les syndicats ne semblaient pas convaincus vendredi des efforts de modération affichés par la banque.
“Barclays a supprimé 6.000 emplois pour la seule année 2011 et aujourd’hui ses banquiers les plus haut placés sont récompensés avec ces énormes bonus”, a dénoncé David Fleming, du syndicat Unite, le plus important du pays.
“Le secteur bancaire continue d’ignorer l’indignation du public et son dégoût devant de tels comportements”, a-t-il ajouté.
Mais les résultats de Barclays ont à l’inverse enthousiasmé les investisseurs, son action prenant la tête de l’indice FTSE vendredi matin à la Bourse de Londres. Elle gagnait 4% vers 10H00 GMT, dans un marché en baisse de 0,28%.