Total se rapproche de ses records avec 12 milliards d’euros de bénéfices

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ésultats du groupe (Photo : Eric Piermont)

[10/02/2012 14:28:01] PARIS (AFP) Les prix élevés de l’or noir ont permis à Total d’engranger de nouveau l’an dernier des bénéfices astronomiques de plus de 12 milliards d’euros, un niveau qui rapproche le géant pétrolier de ses records historiques.

Le patron du groupe, Christophe de Margerie, s’est efforcé de déminer par avance les critiques récurrentes sur ces “profits insolents”, en faisant valoir sa contribution à l’économie française.

Le groupe a dévoilé un bond de 16% sur un an du bénéfice net 2011, à 12,27 milliards d’euros, et de 11% du bénéfice net ajusté (qui exclut les effets de stocks et autres éléments exceptionnels) à 11,42 milliards.

Le chiffre d’affaires a lui aussi grimpé de 16% à 184,7 milliards d’euros.

Cette nouvelle envolée est liée aux cours très élevés du pétrole brut l’an dernier, le prix moyen du baril de Brent ayant grimpé de 40% à 111,3 dollars. La flambée des cours a compensé une légère baisse de la production du groupe (-1% à 2,346 millions de barils équivalent pétrole par jour), liée notamment au conflit en Libye, ainsi que la morosité persistante de ses activités de raffinage.

Les résultats du groupe sont les meilleurs depuis ceux de l’exercice 2008. Cette année-là, Total avait dégagé un bénéfice net ajusté de 13,9 milliards d’euros, profitant à la fois de prix de l’or noir très élevés (avec un sommet à 147 dollars le baril) et d’activités de raffinage en pleine forme.

“Fantasmes” et “réalité”

Sur le seul quatrième trimestre 2011, le bénéfice net a augmenté de 13% à 2,29 milliards, et le bénéfice ajusté de 7% à 2,725 milliards, pour une production stable à 2,384 Mbep/j.

Ces résultats sont conformes aux attentes des analystes, qui tablaient sur un bénéfice trimestriel ajusté de 2,7 milliards, et une production d’environ 2,38 Mbep/j.

Total a confirmé au passage son objectif d’une hausse de sa production de 2,5% par an en moyenne entre 2010 et 2015.

Evoquant devant la presse les “fantasmes” récurrents sur les “profits insolents” de son groupe, M. de Margerie les a opposés à “la réalité” de ses investissements. “Nos profits sont plus qu’utiles, et surtout garants de nos investissements”, a-t-il plaidé.

Il a expliqué que le groupe entendait poursuivre une politique d’investissements colossaux, avec 20 milliards de dollars d’investissements nets prévus cette année (contre 22 milliards l’an dernier).

Rappelant que Total emploie en France 35.000 personnes sur 170 sites, il a précisé que le groupe paierait pour 2011 environ 1,2 milliard d’euros d’impôts, dont 300 millions au titre de l’impôt sur les sociétés (IS). L’an dernier, Total n’avait pas payé d’IS car ses activités françaises étaient déficitaires.

Mais le groupe s’est tout de même attiré un déluge de critiques.

Le candidat du Front de Gauche à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon s’est montré le plus virulent, appelant à la “nationalisation” de Total, qu’il a accusé d’accumuler ses profits “sur le dos des Français qui voient chaque jour le prix de l’essence s’envoler”.

L’ex-ministre de l’Industrie et député UMP Christian Estrosi a lui-même regretté que Total “ne paye en France que 2,5% d’impôt sur les sociétés”, quand des PME “payent plus de 30% d’impôt sur leur bénéfice”.

L’association de consommateurs UFC a estimé de son côté que “la recherche et la réalisation de profits ne sont pas critiquables en soi” mais que “les niveaux faramineux atteints dans ce secteur sont une réelle source d’interrogation”, en appelant à la mise en place d’une “régulation” du secteur

Autre sujet qui fâche, M. de Margerie a réitéré son opposition à l’interdiction dans l’Hexagone de la fracturation hydraulique, seule technologie qui permettrait d’exploiter les ressources de gaz de schiste.

“C’est en augmentant la production qu’on arrive à la fin” à contenir les prix du pétrole, y compris en extrayant gaz et huiles “non conventionnels”, a-t-il défendu.

A la Bourse de Paris, l’action Total était en baisse de 1,05% à 40,71 euros vers 15H00 (14H00 GMT), dans un marché en baisse de 1,41%.