L’éolien en mer va gonfler des effectifs encore bien maigres en France

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éolienne destinée à être implantée en mer le 10 février 2012 à Frossay (Photo : Frank Perry)

[11/02/2012 10:50:09] SAINT-NAZAIRE (Loire-Atlantique) (AFP) Tiré par l’appel d’offres géant sur la côte ouest, le secteur éolien en France prévoit usines et milliers d’emplois directs sur le littoral, dans une filière hexagonale de 8.000 employés encore dégarnie face aux bataillons allemands, danois ou espagnols.

De Saint-Nazaire au Havre (Seine-Maritime) en passant par Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) et Cherbourg (Manche), les ports historiques de l’industrie française –souvent en difficulté économique– ont été retenus par les fabricants Alstom, Areva et Siemens pour des sites de fabrication et d’assemblage.

Alstom, qui n’a plus ouvert d’usine en France depuis 20 ans, en promet quatre (deux de pales et de mâts à Cherbourg et deux de générateurs et de nacelles à Saint-Nazaire), à la condition de remporter avec son allié EDF l’installation d’au moins trois des cinq fermes d’éoliennes en mer qui seront attribuées en avril.

“Ce n’est pas un +one-shot+ (tir à un coup, ndlr)”, assure Jérôme Pécresse, qui dirige la nouvelle division énergies renouvelables d’Alstom. “On vise aussi la deuxième phase de l’appel d’offres, la troisième s’il y en a une, mais aussi les gros marchés au Royaume-Uni et en Allemagne”, deux à trois fois plus gros qu’en France.

A la clé: 1.000 emplois directs et 4.000 indirects, plus un centre d’ingénierie de 200 personnes près de Nantes. S’y ajoutent 2.000 emplois temporaires sur les chantiers en mer et 400 de maintenance dans d’autres petits ports de la côte ouest (Fécamp, Ouistreham, Saint-Quay Portrieux…), soit 7.500 au total selon le consortium mené par EDF et Alstom.

Areva, concurrent direct d’Alstom sur l’appel d’offres via deux alliances avec GDF Suez et l’espagnol Iberdrola, s’est, lui, engagé à créer entre 700 et 1.000 emplois directs avec des sites de pales et d’assemblage à Cherbourg, plus 3.000 indirects — s’il remporte au moins deux des cinq champs (soit environ 200 éoliennes). Siemens, s’il est retenu au large de Saint-Brieuc en avril, a lui aussi promis une usine.

De quoi donner une nouvelle importance à la filière: selon une étude du Bipe (conseil en stratégie spécialisé dans la prévision économique) publiée le mois dernier, l’éolien n’a généré que 8.100 emplois (directs et sous-traitants) en France en 2011, dont 2.600 dans l’industrie et 800 dans la construction, l’essentiel revenant aux services (4.700).

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La France, numéro 7 mondiale par la puissance éolienne installée, arrive loin derrière les leaders européens.

Selon l’Association européenne de l’industrie éolienne (EWEA), l’énergie du vent a représenté l’an dernier 241.000 emplois sur le Vieux Continent. Lors de son dernier pointage par pays datant de 2009, l’Allemagne arrivait en tête (38.000 emplois), devant le Danemark (23.500) et l’Espagne (20.800). La France arrivait à l’époque 4e, mais avec 7.000 employés, cinq fois moins qu’outre-Rhin.

L’arrivée des grands groupes français dans le paysage est aussi une nouveauté: le seul constructeur basé en France est jusqu’à présent l’orléanais Vergnet (120 employés dans l’éolien) spécialisé dans les petites éoliennes, notamment pour l’outre-mer. Alstom et Areva ont bien acquis des usines depuis 2007, mais à l’étranger.

Le reste de la filière française est composé de sous-traitants, notamment des fabricants de mâts (SIAG et Céole en Bourgogne, SEMA en Bretagne, Baudin-Chateauneuf en région Centre…), une activité peu délocalisable où l’allemand Enercon va lancer une usine en Picardie.

Des domaines d’excellence française existent déjà, par exemple avec le vendéen Rollix (500 employés), leader mondial des couronnes d’orientation des rotors.

Des pionniers qui auront désormais du renfort: selon les projections du Bipe, le secteur de l’éolien pourrait représenter 57.000 emplois en France en 2020.