Le hasard des programmations télévisuelles a permis de regarder le même jour sur 2 chaînes les interviews du “père“ d’Ennahdha par une belle et jolie journaliste bien cultivée et très souriante, les deux confortablement assis dans un salon au goût douteux, et un peu plus tard Si Béji, mal juché sur un fauteuil ou il était très mal à l’aise par 3 journalistes eux-mêmes très mal assis. Déjà le décor était symptomatique et le contenu des deux interviews encore plus édifiants.
Chez le père Ghannouchi, au visage rayonnant du succès obtenu après de longues années de luttes, tout respire le dogme. En effet, l’homme a bourlingué et a souffert, a même été condamné à mort; il est cultivé et connaît bien ses dossiers et fait partie visiblement de cette nouvelle franc-maçonnerie islamique qui essaie de dominer le monde, et ce en partant d’un principe très simple, le seigneur a tout révélé dans la dernière religion monothéiste.
Et si le sous-sol de ces pays est riche, c’est la volonté du seigneur, et si durant des siècles le musulman s’est dévoyé, c’est qu’il a perdu la foi. Donc il faut remettre les pendules à l’heure et reprendre l’éducation de ces peuples en les initiant à leur véritable religion que lui-même aurait découverte en 1966… Tout le reste n’est que futilité.
Plus tard dans la nuit, le dialogue était complètement différent, on parlait en tunisien au lieu d’un langage littéral châtié; on discutait des problèmes du pays avec un homme d’expérience qui a géré et qui a fait ses preuves sur le front et qui, en fin politique, esquivait les questions gênantes ou qui visaient des personnes. Pour une personne avertie, les questions et les réponses étaient connues à l’avance et allaient dans un sens donné, spécifiquement tunisien. Et ne m’en voulez pas sur le jeu de mot dans le titre, le père Béji a fait part d’un «sebcicisme aigu» quant aux compétences de l’équipe en place et l’a dit sans le dire…
Que penser de tout ça: de ces marches, de ces barbus, de cette situation chaotique, du profil bas des uns et des autres? Là il faut toujours relire l’histoire avec un grand H, car on n’a rien inventé. C’est clair que le parti Ennahdha est là pour de longues années, et ce dans le cadre d’une stratégie quasi mondiale de repli identitaire qui peut faire, par exemple que la “Ennehdha française“ –je parle du front national- soit l’arbitre des élections, et il ne faut pas oublier que le dollar fait référence a Dieu et la plupart des démocraties européennes ont une croix quelque part … et que même Hitler le méchant avait la sienne fût-elle gammée…
D’ailleurs, il y a un sérieux parallèle à faire entre les troupes de SS et les salafistes, entre les propos de Chourou et des avocats du nazisme, mais la différence, je dirais l’abîme, est dans le fait que l’Allemagne avait et a une technologie qui est restée indestructible, alors que sous nos latitudes, hormis des pays lointains comme la Malaisie voire le Pakistan, le reste des autres pays dits riches n’ont que du sable et importent même leur nourriture et que les derniers récalcitrants ayant un minimum de compétence de la région ont été démolis –cf. l’Irak- ou sont sous la menace d’une démolition –l’Iran.
Ce qui peut nous sauver, ce sont deux choses :
– Notre taille et l’absence de bellicisme historique,
– Le niveau du peuple que d’autres veulent démolir.
Pour le reste, il faut espérer qu’il continue de pleuvoir, ça leur permettra d’y trouver un argument de plus quant à la bénédiction divine…
