La Grèce appelée à voter la rigueur sous peine de “chaos”

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érité (Photo : Louisa Gouliamaki)

[12/02/2012 11:53:15] ATHENES (AFP) Le gouvernement grec va devoir surmonter dimanche la fronde sociale et politique pour faire adopter par le parlement le nouveau programme d’austérité exigé par l’UE et le FMI, contre lequel les syndicats et la gauche ont appelé à manifester dans le centre d’Athènes avant le vote dans la nuit.

Dans un solennel message télévisé à la nation, le Premier ministre Lucas Papademos a averti que le pays, au bord de la faillite, jouera sur ce vote sa survie financière et son maintien dans l’euro, pour éviter le “chaos”.

Le parlement, où l’exécutif de coalition socialiste-conservateur dispose en principe d’une confortable majorité de 236 voix sur 300, devra assumer une “responsabilité historique” en avalisant des “sacrifices douloureux”, a-t-il lancé, résumant le dilemme posé aux Grecs par leurs bailleurs de fonds.

Sans cet aval, la Grèce n’a aucune chance de recevoir le moindre centime d’aide pour éviter un défaut de paiement incontrôlé en mars lorsqu’elle devra rembourser une échéance de 14,5 milliards d’euros.

Avant l’ouverture des débats, prévue à 12H00 GMT, les dirigeants socialiste, Georges Papandréou, et conservateur, Antonis Samaras, ont également prévenu leurs députés que tout écart vaudrait exclusion, lors de réunions samedi de leurs groupes parlementaires.

Au vu de la sévérité de la cure prescrite qui, entre autres, ouvre la voie à une chute brutale des salaires dans le privé censée redonner de la compétitivité au pays, les dissidents déclarés ou présumés atteignaient toutefois une dizaine dans chacun des partis gouvernementaux, selon le décompte des médias dimanche.

Pas de quoi augurer d’un rejet, mais assez pour justifier l’appel à ne pas jouer avec le feu lancé dans un entretien au quotidien Kathimérini par le représentant des créanciers privés, Charles Dallara.

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és au nouveau plan de rigueur en Grèce, le 11 février 2012 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

Les députés grecs “doivent comprendre ce qui est en jeu et reconnaître qu’au delà de la rigueur (…) il y a des profits nombreux et tangibles” à attendre de l’adoption du projet de loi, qui doit débloquer à la fois le renflouement du pays par des prêts publics de 130 milliards et son désendettement via l’effacement de 100 milliards de créances détenues par banques et fonds, a-t-il affirmé.

La Grèce “à l’heure du jugement”, faisait écho le titre du libéral Kathimérini, tandis que To Vima (centre-gauche) estimait que le pays était secoué par un “séisme” mettant “politique, économie et société en morceaux”.

A l’extérieur du parlement, syndicats et gauche communiste et radicale sont de fait résolus à faire tonner le “non” de la rue, les premiers dénonçant un plan “tombeau de la société”, les seconds réclamant des élections immédiates et jugeant que le pays n’a rien à perdre à mettre ses créanciers au défi de le lâcher.

Quelque 6.000 policiers ont été mis en état d’alerte, et la moitié seront déployés à Athènes pour sécuriser les rassemblements, à partir de 15H00 GMT, que les organisateurs voudraient orchestrer en un encerclement du parlement.

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à Athènes le 26 janvier 2012

Entravée par le débrayage des transports, la mobilisation lors des manifestations, qui ont rassemblé jusqu’à 20.000 personnes en marge de grèves générales mardi puis vendredi et samedi, était en retrait sur celle des grands sursauts de contestation qui avaient massé de 50.000 à 100.000 personnes sur la place Syntagma, en juin et octobre.

Les députés devront se prononcer pour un texte qui prévoit notamment une baisse de 22% du salaire minimum, ramené à 586 euros brut sur 14 mois, la suppression dans l’année de 15.000 emplois publics et de nouvelles coupes dans certaines retraites.

Le vote portera aussi sur les modalités du programme d’échange d’obligations avec les créanciers privés pour réduire la dette souveraine à 120% du PIB d’ici 2020, ainsi que sur le schéma de recapitalisation des banques grecques.

L’accord gouvernemental sur cette cure dont s’était prévalu jeudi M. Papademos s’est vite fissuré, avec la démission dès le lendemain de six membres du cabinet; deux socialistes et quatre cadres de la formation d’extrême droite Laos, qui avait rallié en novembre l’exécutif de coalition.

Le Laos a décidé samedi d’appeler ses 16 députés à voter non, accusés par ses ex-partenaires de vouloir ainsi tirer son épingle du jeu en vue des élections législatives anticipées prévues au printemps.