Rafale : la Grande-Bretagne a du mal à digérer le camouflet indien

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à Londres le 1e février 2012 (Photo : Leon Neal)

[12/02/2012 12:35:29] LONDRES (AFP) Le Premier ministre britannique David Cameron fait face à des demandes de plus en plus pressantes pour réduire le montant des aides accordées à l’Inde après le camouflet infligé à la Grande-Bretagne par cet ancien joyau de son empire colonial dans l’affaire du Rafale.

La Grande-Bretagne a été stupéfaite que New Dehli ait préféré l’avion français pour équiper son armée de l’air plutôt que les Typhoon, en dépit des efforts déployés par le gouvernement pour emporter le “contrat du siècle”. Les Typhoon sont produits par le consortium européen Eurofighter, avec le britannique BAE Systems.

Les députés ont mis la pression sur David Cameron pour qu’il revienne sur l’enveloppe de plus d’un milliard de livres (1,2 mds d’euros) prévue pour l’Inde, ulcérés par les déclarations prêtées à son ministre des Finances Pranab Mukherjee. Celui-ci aurait qualifié cette aide de “bagatelle” par rapport aux dépenses consenties par l’Inde pour son développement, selon un journal britannique.

M. Cameron, qui s’était rendu avec un importante délégation d’hommes d’affaires en Inde après sa prise de fonction, a demandé à New Dehli de reconsidérer sa décision.

“Je suis très déçu de ce qui s’est passé en Inde, mais Eurofighter n’est pas hors course et nous devons nous battre jusqu’au bout”, a-t-il lancé au Parlement.

Ce revers a été d’autant plus douloureux qu’il est intervenu en pleine guerre des mots entre la France et la Grande-Bretagne sur la force de leur économie respective.

En dépit des remous suscités par cette affaire, Downing Street a promis de ne pas revenir sur ses engagements vis-à-vis de l’Inde.

“Le gouvernement a toujours dit clairement (…) qu’il ne ferait pas d’économies sur le dos des peuples les plus pauvres dans le monde”, a assuré un porte-parole du Premier ministre.

L’Inde, indépendante depuis 1947, a assuré pour sa part qu’elle était très reconnaissante de cette aide.

“Les relations entre l’Inde et le Royaume-Uni, chaleureuses et amicales, ont surmonté les épreuves du temps”, a souligné le ministère indien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Mais les aides accordées à la troisième puissance économique d’Asie continuent à faire grincer des dents au Royaume-Uni au moment où le pays est soumis à une cure d’austérité.

Le gouvernement s’est engagé à verser 280 millions de livres par an pendant cinq ans, jusqu’en 2015, à plusieurs Etats pauvres de l’Inde.

Le député conservateur Philip Davies a estimé que Londres ne devrait pas verser d’aide à un pays qui dépense par ailleurs des milliards pour son programme spatial et sa défense.

“Dans ces circonstances, il serait inacceptable de leur accorder une aide, même s’ils nous suppliaient de le faire. Vu qu’ils n’en veulent même pas, ce serait encore plus inimaginable”, a-t-il ajouté, en référence aux propos prêtés au ministre indien des Finances.

“Notre programme d’aide est dans l’intérêt réciproque de l’Inde et du Royaume-Uni. Il fait partie d’une relation beaucoup plus large entre ces deux pays”, a rétorqué le ministre du Développement international Andrew Mitchell.

Le Royaume-Uni aimerait d’ailleurs développer son versant commercial.

En 2010, les échanges bilatéraux ont augmenté de 20%, atteignant 13 milliards de livres. Un chiffre que Londres voudrait voir doubler d’ici 2015.

L’Inde, l’un des plus importants partenaires commerciaux de la Grande-Bretagne hors Europe, a aussi accru ses investissements au Royaume-Uni, notamment via certains grands groupes, comme le constructeur automobile Tata ou le sidérurgiste Arcelor-Mittal.

En 2010, l’Inde a développé 97 projets au Royaume-Uni, créant 6.096 emplois, selon les chiffres du gouvernement britannique.