ège du groupe France Télécom à Paris (Photo : Damien Meyer) |
[13/02/2012 16:15:36] PARIS (AFP) France Télécom va accroître son poids en Egypte, pays névralgique pour sa stratégie à l’international, grâce à un accord qui devrait lui donner le contrôle de 95% du premier opérateur national et ses 31 millions de clients, soit plus qu’il n’en compte lui-même en France.
Lundi, France Télécom a annoncé avoir conclu un protocole d’accord “non engageant” qui prévoit le rachat “anticipé” de la majeure partie des actions détenues par l’homme d’affaires Naguib Saouiris au sein de leur co-entreprise Mobinil, premier opérateur de téléphonie mobile d’Egypte.
L’opérateur historique français détient déjà 71% de Mobinil, le reste étant contrôlé par Orascom, conglomérat de M. Saouiris dans lequel est hébergée sa participation dans Mobinil.
“C’est dans la droite ligne de la stratégie de France Télécom qui cherche à se renforcer dans les pays émergents, là où il fait des opérations profitables. Naguib Saouiris veut se désengager et France Télécom se renforcer, c’est donc bienvenu”, résume à l’AFP un analyste du secteur qui préfère garder l’anonymat.
Par cet accord, France Télécom ne fait que prendre les devants du désengagement de son partenaire égyptien, qui dispose d’une option lui permettant de vendre ses parts au groupe français à partir de septembre.
Il lui permet aussi de lancer une offre plus intéressante au prix de 202,5 livres égyptiennes (EGP) par action, alors que le prix préétabli pour un rachat en septembre aurait été de quelque 240 livres.
“Enorme potentiel de développement”
Selon cet accord, une offre d’achat sera ensuite lancée au même prix sur le capital flottant d’ECMS, l’entreprise par laquelle Mobinil est coté et qui a perdu la moitié de sa valeur entre février 2011 et février 2012 – en raison du printemps arabe – avant de remonter la pente ces dernières semaines.
Il est également prévu qu’Orascom conserverait 5% du capital d’ECMS, mais plus en droits de vote, et aurait un représentant au conseil d’administration.
“L’Egypte est le premier pays du monde arabe en termes de clientèle, et représente un énorme potentiel de développement et de pénétration en termes de téléphonie mobile”, selon l’analyste.
A fin septembre, Mobinil comptait plus de 31 millions d’abonnés mobile et est donc le plus grand marché en clients de France Télécom dans le monde, avant la France et ses 26 millions d’abonnés.
France Télécom réalise également en Egypte quelque 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires, sur les 3,4 milliards en provenance de la région Afrique-Moyen orient.
“L’Egypte est une pierre angulaire, une plaque stratégique pour France Télécom. Et son intérêt dans les pays de cette région, où le droit est changeant, où les principes d’organisation économique sont très variables comme on l’a vu avec les crises, c’est d’avoir des soutiens locaux”, a souligné le syndicat CFE-CGC/Unsa.
Il rappelle que France Télécom et Orascom ont connu un bras de fer pour le contrôle de Mobinil, avant que les choses ne soient mises à plat dans le cadre d’un pacte d’actionnaires en 2010. “Mais la crise égyptienne (due au printemps arabe) a fait réapparaître des tensions sur les valorisations”, estime la fédération.
Dans d’autres pays proches, France Télécom (allié à Divona) a notamment décroché fin 2009 la troisième licence mobile 3G, et racheté en 2010 les 40% de l’opérateur marocain Meditel. Il est également présent en Jordanie via l’opérateur Jordan Telecom.
“L’étape suivante sera la Libye, petit pays mais avec un fort potentiel, qui n’est pas du tout libéralisé et qui devrait l’être prochainement via un appel d’offres”, a conclu l’analyste du secteur.