Je me suis toujours demandée si ce qui s’est passé le 14 janvier 2011 aurait changé de cette manière le cours de l’histoire tunisienne et arabe si ce jour-là il pleuvait voire s’il neigeait! ZABA n’aurait peut-être pas été remplacé et le fameux prophète du salafisme de SABA –Sidi Ali Ben Aoun!- ne serait pas en train de pérorer.
Car le climat a ce fâcheux inconvénient de mettre a nu le niveau de compétence des uns et des autres, la qualité et le niveau de desserte des biens et services. Ainsi, quand il pleut trop, on découvre les zones inondables; quand il ne pleut pas assez, on découvre la capacité de stockage des biens et produits; quand le sol tremble, les bâtiments les plus fragiles partent les premiers, et ce sans parler des autres vents, raz de marée et tutti quanti.
Mais parmi les phénomènes les plus pernicieux, ce sont ceux qu’on attend le moins dans une région comme la nôtre, c’est la neige qui arrive doucement et qui dure et perdure.
Et c’est là que l’on teste en grandeur nature la qualité de toutes les composantes d’un système socio-politico-économique: on est à plus de un mètre de neige sur des toits de maisons non prévues à cet effet qui risquent de s’effondrer et aggraver ainsi la crise du logement dans des régions fatiguées d’être pauvres.
D’après ce que je constate –hormis l’intervention de notre armée qui a montré que malgré ses 45.000 hommes, elle était plurielle et efficace-, aucune stratégie gouvernementale n’aurait été mise au point pour répondre à ce genre de situation, et pire, notre président prêche dans le désert maghrébin et encore heureux que c’est du provisoire, notre Assemblée est en vacances constitutionnelles, et le gouvernement semble compter sur le seigneur pour aider à résoudre ces problèmes qui, en plus des engelures superficielles, risquent de laisser des traces profondes dans ces régions du bout du monde, lesquelles, espérons-le, finiront par s’éveiller après tous ces coups de boutoir du destin.
Encore heureux que l’esprit de solidarité populaire existe à l’échelle des régions, mais il lui manque un coordinateur –afin d’éviter les braquages intempestifs- et le seul coordinateur ne peut être que l’Etat, mais quand vous avez un Etat dirigé par des ministres SIVP qui laissent faire et dire des prêcheurs venus nous parler d’excision, il y a de quoi désespérer et se dire que Dieu sauve ses ouailles et surtout cette opposition qui est toujours en quête d’un consensus. Mais que voulez-vous, même les mirages sont aussi des phénomènes climatiques!