La Banque du Japon étend son dispositif d’assouplissement monétaire

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érence de presse à Tokyo le 14 février 2012 (Photo : Toshifumi Kitamura)

[14/02/2012 09:56:57] TOKYO (AFP) La Banque du Japon a étendu mardi son dispositif d’assouplissement monétaire pour soutenir une économie nippone en panne et confrontée aux incertitudes de la conjoncture mondiale, et a fixé un objectif de hausse des prix de 1% pour l’archipel en proie à la déflation.

Le comité de politique monétaire de la BoJ a annoncé, à l’issue d’une réunion de deux jours, l’achat de 10.000 milliards de yens (100 milliards d’euros) d’obligations d’Etat supplémentaires d’ici à la fin 2012.

Cette décision porte à 65.000 milliards de yens (650 milliards d’euros) le montant total qu’elle s’autorise à consacrer à l’achat de bons du Trésor, d’obligations d’entreprises et autres titres financiers, ainsi qu’à l’émission de prêts à taux préférentiel, afin de soutenir l’activité.

La plupart des économistes ont été pris de court par cette initiative, pensant que l’institut, qui avait déjà élevé le plafond de son investissement fin octobre, attendrait avant d’agir à nouveau.

Le gouvernement pressait toutefois subtilement l’institution indépendante d’en faire plus. Il a annoncé lundi que le Produit intérieur brut (PIB) de la troisième puissance économique mondiale avait diminué de 2,3% entre octobre et décembre, en rythme annualisé, notamment à cause d’exportations déclinantes.

“L’économie japonaise fait face à des incertitudes élevées à cause du problème de la dette européenne, de l’équilibre entre l’approvisionnement et la demande d’électricité et du fait du renchérissement du yen”, a expliqué le gouverneur de la BoJ, Masaaki Shirakawa, lors d’une conférence de presse.

La crise de financement en Europe a entraîné des perturbations sur les marchés et un affaiblissement de la croissance mondiale, préjudiciable à l’économie nippone dépendante de ses livraisons hors de l’archipel.

Ces incertitudes ont renforcé l’attractivité du yen – valeur refuge pour les investisseurs – et donc élevé son cours, ce qui nuit à la compétitivité de la production “Made in Japan”.

Le pays est susceptible de connaître des restrictions sur son réseau électrique, quasiment privé de production d’origine nucléaire près d’un an après l’accident de Fukushima.

M. Shirakawa a certes constaté un “certain apaisement des tensions sur les marchés financiers à propos de la dette européenne depuis la fin de 2011”.

Le gouverneur s’est aussi félicité “d’améliorations dans l’économie américaine” et de “la solidité de la demande intérieure au Japon grâce aux dépenses de reconstruction engagées depuis le séisme du 11 mars”.

Mais “au vu des incertitudes (…), la Banque a jugé nécessaire de donner un coup de pouce aux progrès déjà observés sur les marchés financiers”.

En étendant son dispositif d’assouplissement monétaire, elle veut favoriser l’octroi d’argent aux particuliers et aux entreprises afin d’encourager la consommation, les investissements et in fine doper l’activité.

Ce faisant, la BoJ espère aussi contribuer à “vaincre la déflation et arriver à une croissance régulière couplée à la stabilité des prix”.

M. Shirakawa a précisé sur ce point que l’institut ciblait un objectif précis de 1% d’inflation, alors qu’il se contentait jusqu’à présent de viser une hausse comprise entre 0 et 2%. Elle estime que les tarifs (hors produits périssables) stagnent actuellement au Japon.

Le pays subit la déflation depuis près de trois ans, ce qui décourage l’investissement des entreprises et affaiblit la consommation des ménages incités à patienter en espérant de nouveaux reculs des tarifs.

Afin d’amplifier la circulation d’argent et l’activité, la BoJ a par ailleurs maintenu son principal taux directeur dans une fourchette de 0,0% à 0,1%, une décision largement attendue, prise à l’unanimité des neuf membres de son comité de politique monétaire.