L’Allemagne vieillissante doit stimuler sa croissance selon l’OCDE

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à Berlin, en septembre 2011 (Photo : Joerg Carstensen)

[14/02/2012 13:35:35] BERLIN (AFP) L’OCDE a délivré mardi un “Peut mieux faire” à l’Allemagne, en saluant les réformes passées dans le pays, mais en le pressant de stimuler davantage sa croissance domestique.

“Nous sommes venus féliciter l’Allemagne, lui dire +bravo+ et +beau boulot+”, mais aussi “ne vous reposez pas sur vos lauriers”, a dit le secrétaire général de l’Organisation pour la coopération et le développement économique, Angel Gurria, venu présenter à Berlin un rapport sur la première économie européenne.

“L’Allemagne doit aller au-delà de la gestion de crise pour s’occuper des relais de croissance à long terme”, a-t-il averti, incitant le pays à se détacher de son modèle basé sur les exportations industrielles pour y insuffler “du savoir”. “C’est une transition vitale”, selon lui.

L’OCDE souligne par exemple qu’en Allemagne le pourcentage de diplômés de l’université (26% des 25-34 ans) est très inférieur à la moyenne des autres pays membres de l’organisation (37%), et surtout que ce pourcentage n’a pas évolué au cours des trente dernières années.

“Du côté des réformes structurelles, l’Allemagne a fait des efforts majeurs, notamment en ce qui concerne le marché du travail, qui ont porté leurs fruits lors de la récente récession”, et qui peuvent “servir de leçon à d’autres pays”, juge l’OCDE, “mais il faut en faire plus pour renforcer le potentiel de croissance, en particulier au vu du vieillissement rapide de la population”.

Elle estime que ce phénomène en Allemagne lui a déjà coûté 0,2 point de pourcentage de croissance en 2011, et que le chiffre montera à 0,9 point en 2025.

Il serait bon selon l’organisation que l’Allemagne, grande puissance exportatrice, “réduise son très grand excédent des comptes courants et contribue ainsi à corriger les déséquilibres mondiaux”.

Pour cela, Berlin pourrait soutenir davantage la recherche et développement, par exemple via des crédits d’impôt.

Un autre axe important pour l’OCDE serait d’encourager le travail à temps plein des femmes. Berlin devrait d’une part corriger un système fiscal qui encourage le modèle du père de famille au salaire confortable et de la mère au foyer, “une pratique pas très saine” selon M. Gurria, et améliorer l’offre de garde de jeunes enfants.

L’organisation consacre par ailleurs une grande partie de son rapport à la politique environnementale de l’Allemagne, qui va abandonner progressivement l’énergie nucléaire d’ici à fin 2022.

L’OCDE souligne ainsi que l’Allemagne, malgré ses efforts, reste de loin le premier émetteur de gaz à effet de serre d’Europe à cause de l’usage intensif de gaz et de charbon pour sa production d’électricité.

L’organisation épingle aussi certaines pratiques néfastes d’un pays qui se présente volontiers comme un modèle en matière d’écologie : elle souligne que l’Allemagne a consacré en 2010 7,5 milliards d’euros (0,3% du PIB) à subventionner les énergies fossiles, et qu’elle encourage via son système fiscal l’usage de voitures de fonction (30% du total du parc automobile allemand), ainsi que l’utilisation de la voiture pour se rendre au travail.