Les capacités techniques de Free Mobile de nouveau sur la sellette

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érateur de téléphonie mobile Free, le 11 janvier 2012 (Photo : Kenzo Tribouillard)

[14/02/2012 14:31:19] PARIS (AFP) La polémique enfle sur les capacités techniques de Free Mobile, les soupçons s’accumulant sur l’engorgement provoqué par le nouvel opérateur du réseau de son partenaire Orange et sa difficulté à gérer ses abonnés, qui pourraient déjà être plus de 2 millions.

Depuis le lancement de ses offres très attractives le 10 janvier, Free Mobile et son patron Xavier Niel ont complètement bouleversé un marché jusque là tenu à près de 90% par les opérateurs Orange, SFR et Bouygues Telecom.

Si aucun ne le reconnaît officiellement, plusieurs opérateurs auraient communiqué à l’autorité de régulation du secteur, l’Arcep, des relevés de trafic montrant les manquements de Free en termes de couverture de territoire.

Free Mobile s’est en effet engagé à couvrir 27% de la population avec son propre réseau et a signé un contrat d’itinérance avec Orange pour les trois quarts restants, en attendant la montée en puissance progressive de ses infrastructures.

Or actuellement “plus de 90%, voire 95% des appels effectués par les clients Free Mobile passent par le réseau Orange”, a affirmé mardi à l’AFP une source interne à l’opérateur historique.

“Si Free a bien un réseau théorique d’antennes, il n’a pas tiré suffisamment de liaisons pour les relier à son réseau central et donc être en mesure de supporter le trafic. Le réseau assure pour un ou dix appels mais pas pour 100 ou plus, et il les rebascule vers le réseau Orange”, explique-t-on.

Alors que Free garde le silence sur son nombre d’abonnés, le courtier Oddo Securities a estimé la semaine dernière que le nouvel opérateur compterait “déjà plus de deux millions d’abonnés, avec un rythme d’inscriptions quotidien de 35.000”.

Selon des sources concordantes, le basculement des appels à répétition, couplé à l’explosion du nombre d’abonnés, génère des difficultés de gestion des interconnexions pour l’opérateur historique lui-même, qui peinerait lors de pics de trafic à “éponger” les défaillances techniques de Free.

Aucun des deux groupes ne souhaite réagir sur le sujet, Orange rappelle seulement que le contrat d’itinérance conclu avec Free lui permet de “protéger” et de “privilégier” ses propres abonnés en termes d’accès au réseau en cas de “gros problème”, soit un engorgement qui le forcerait à interrompre temporairement ses services.

Saisie d’une seule plainte officielle, celle des syndicats CFE-CGC et UNSA des principaux opérateurs mobiles, l’Arcep a annoncé fin janvier qu’elle allait de nouveau vérifier que Free respecte bien ses obligations de couverture. Les résultats ne devraient cependant pas être connus avant début mars.

Les données mises en ligne par le site Sensorly.com, qui cartographie dans 27 pays la disponibilité des réseaux mobiles, montrent pour sa part que dans la plupart des grandes villes, le réseau en propre de Free Mobile n’apparaît qu’à travers quelques “taches” très disparates.

Pour ses mesures, Sensorly collecte en temps réel des données –réseaux et antennes acheminant les appels– via son application téléchargée sur les smartphones de 1.250 abonnés Free Mobile présents dans toute la France.

“Cela montre la réalité sur le terrain, avec une faible marge d’erreur. Nous avons détecté quelque 850 antennes Free activées nationalement mais il y en a certainement moins d’une dizaine sur Paris. C’est un réseau qui débute”, a résumé un responsable de Sensorly.

Mardi, le directeur exécutif d’Orange, Pierre Louette, et le directeur général d’Iliad (maison-mère de Free), Maxime Lombardini, devaient se rencontrer à l’occasion d’un comité de pilotage dédié au contrat d’itinérance les liant.