La Chine soutient l’euro, l’UE souligne ses efforts pour sortir de la crise

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ésident du Conseil européen Herman Van Rompuy (c), en présence de Jose Manuel Barroso, le 15 février 2012 à Pékin. (Photo : How Hwee Young)

[15/02/2012 08:59:31] PEKIN (AFP) La Chine a renouvelé mercredi son soutien à l’intégration européenne et à l’euro, après un sommet lors duquel les dirigeants de l’UE ont vanté les efforts entrepris pour davantage de discipline budgétaire en Europe.

Comme à son habitude, le gouvernement chinois n’a pris aucun engagement chiffré, mais a indiqué qu’il continuerait à acheter de la dette souveraine européenne.

“Nous avons confiance dans le développement de l’Europe et nous avons confiance dans l’euro”, déclaré le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, devant un parterre d’étudiants et d’enseignants chinois, au lendemain d’un sommet Chine-Union européenne largement consacré à la crise des dettes souveraines.

“La Chine va continuer à investir dans des obligations d’Etat européennes tout en s’assurant de leur sécurité, de leur liquidité et de l’appréciation de leur valeur”, a précisé M. Zhou.

Le gouvernement chinois, qui affirme chercher à diversifier les placements de ses réserves de change à l’étranger, détiendrait, selon des estimations d’experts non confirmées, pour plus de 500 milliards de dollars de dette souveraine d’Etats européens.

La Chine a également récemment multiplié les rachats d’entreprises européennes, considérés comme potentiellement plus rentables que les obligations d’Etat, utilisant notamment pour cela son fonds souverain, la China Investment Corporation (CIC).

Le CIC, dont les ressources s’élevaient à 410 milliards fin 2010, vient de recevoir une nouvelle injection de capital au montant non révélé.

Reprenant des propos tenus mardi par le Premier ministre chinois Wen Jiabao, M. Zhou a ajouté que son pays allait “s’impliquer davantage pour trouver une solution à la crise de la dette en Europe à travers différents canaux comme le FMI, le Fonds européen de stabilité financière ou le Mécanisme européen de stabilité” qui doit être mis sur pied en juillet.

Le gouverneur a rappelé que la Chine pouvait utiliser pour ces achats de dette souveraine les réserves de change du pays, les premières du monde, qui frôlaient fin décembre les 3.200 milliards de dollars.

De leur côté, les dirigeants européens ont souligné les efforts consentis par les Etats de l’UE pour assainir leur finances et se sont dits persuadés que le Vieux Continent allait ressortir de l’épreuve plus uni et renforcé.

“Les dirigeants grecs ont pris des décisions courageuses dans des circonstances incroyablement difficiles”, a dit le président de l’UE, en référence au vote par le parlement grec d’un nouveau plan d’austérité, qui a déclenché d’importantes manifestations accompagnées de violences.

“Certains gouvernements européens ont été contraints à démissionner pour avoir pris des mesures impopulaires, mais tous les nouveaux gouvernements se sont engagés à adopter et à mettre en oeuvre des réformes” a assuré M. Van Rompuy au public chinois. Il a ajouté qu'”il n’y a pas de place pour le populisme” en Europe.

La Chine de son côté souffre d’un déficit de consommation par rapport au poids de son économie, et la population craint que le gouvernement dilapide les fruits de son travail pour venir en aide à des pays au niveau de vie beaucoup plus élevé que le sien.

Mais les dirigeants chinois savent aussi que la mauvaise santé de l’économie européenne aura des répercussions immédiates pour les carnets de commande des exportateurs de la deuxième économie mondiale, dont l’UE est le premier marché.

Les échanges commerciaux bilatéraux, excédentaires dans l’ensemble pour Pékin, dépassent désormais le milliard de dollars par jour, a relevé M. Barroso, soulignant l’interdépendance des deux économies.

Tandis que devant l’approfondissement de la crise de la dette, la Chine a depuis un an tendance à se détourner des institutions européennes pour négocier davantage avec les Etats qui composent l’Union, le gouverneur de la banque centrale a souligné qu’il soutenait la construction européenne.

“Nous croyons que tant que les pays européens peuvent consolider ensemble (leurs économies), ils auront la capacité de résoudre leurs problèmes”, a déclaré M. Zhou.