La salle de la Maison de l’Exportateur était comble, ce 15 février 2012, lors du passage d’un haut responsable ivoirien au Centre de Promotion des Exportations, à l’occasion de sa visite officielle en Tunisie. Il s’agit de Mamadou Sonago, ministre de la Construction, de l’Aménagement et de l’Urbanisme de la République de Côte d’Ivoire. Les hommes d’affaires tunisiens ont répondu présents, curieux de connaître les opportunités d’affaires dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, tout juste sorti d’une guerre civile.
Huit mois après la mise en place d’un gouvernement, voilà que les nouveaux responsables ivoiriens sollicitent l’expertise tunisienne dans la construction et le bâtiment. Un secteur que le ministre ivoirien estime très important pour entamer la reconstruction du pays. «C’est un secteur rentable où la demande est très forte», souligne M. Sonago.
A Abidjan, la demande atteint 20.000 logements par an, ce qui représente 40% de la demande nationale alors que l’offre n’atteindrait pas 8.000 logements par ans. Ceci est dû, notamment, à l’absence de programmes gouvernementaux en matière de logement, ce qui a favorisé le développement de logements économiques au détriment de logements sociaux. Ceci a accéléré le développement des quartiers périphériques et des bidonvilles.
Explorer le marché…
D’un autre côté, le ministre ivoirien indique que le secteur de la construction est «un secteur sinistré où il y avait beaucoup de conflits. Nous visons actuellement son organisation par la promulgation de plusieurs arrêtés».
En fait, outre les contentieux dont il fait objet et qui sont en train d’être réglés, le secteur souffre de l’anarchie. Les métiers de promoteur immobilier, d’aménageur foncier n’était pas contrôlé avant. De là, le ministre ivoirien affirme que l’aménagement foncier est une activité à exploiter très sérieusement, du fait qu’il y a une grande demande à ce niveau contre une offre très modeste.
«Par exemple, si vous allez aux alentours d’Abidjan (la capitale économique), il n’y a plus de terrains aménagés alors qu’il y a une forte demande de la communauté ivoirienne à l’étranger. On reçoit plusieurs délégations étrangères de promoteurs immobiliers mais je vous dis que notre priorité actuellement est de développer l’activité de l’aménagement privé, les autres suivront», explique-t-il.
Mais le responsable précise que pour attaquer le marché ivoirien, il est nécessaire de se déplacer sur place et prendre des contacts directs avec les opérateurs. «Il ne faut pas attendre les appels d’offre en restant à Tunis. Il faut venir et voir la réalité sur terrain et même ouvrir un petit bureau pour explorer le marché», conseille-t-il.
Mieux que ça, M. Sonago incite les entreprises tunisiennes à venir s’installer en Côte d’Ivoire, indiquant que le pays est ouvert aux hommes d’affaires tunisiens et qu’il y a une mise à disposition des terrains industriels pour tout investisseur intéressé. «Nous avons un code d’investissement très incitatif et vous n’avez pas à vous allier à un partenaire local pour développer vos affaires. Vous avez à faire avec une équipe (gouvernementale) ayant une nouvelle mentalité, prête à vous aider et à vous accompagner».
D’importantes ressources énergétiques…
Il faut noter que le marché africain a toujours constitué un marché à haut potentiel pour les entreprises tunisiennes dans le domaine de la construction et du bâtiment. Plusieurs d’entre elles opèrent déjà dans certains pays africains. La compétence tunisienne est sollicitée, soit dans le cadre de la coopération sud-sud ou de la coopération tripartite.
Et la Côté d’Ivoire constitue un marché à haut potentiel pour les hommes d’affaires tunisiens. D’ailleurs, une soixante d’entre eux ont déjà participé au salon Archibat, organisé fin 2011 en Côte d’Ivoire. En plus, la société tunisienne SOROUBAT opère déjà sur le marché, et est chargée actuellement du prolongement de l’autoroute du nord (entre Abidjan et Yamoussoukro). «Jusqu’ici, elle fait du bon travail et elle avance bien. Nous comptons également lui faire appel pour l’extension de l’autoroute vers le Mali et le Burkina Faso», précise le responsable.
Par ailleurs, le ministre ivoirien loue le positionnement géographique stratégique de son pays. «En Afrique, face à l’Europe et à côté de l’Asie et des pays du Golfe. Il n’y a pas meilleur positionnement pour attaquer l’Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire est un hub qui vous permettra de développer vos affaires sur un marché global», souligne-t-il.
Le pays dispose aussi de ressources énergétiques conséquentes, soit d’importants gisements de pétrole et de gaz et une production d’électricité qu’on compte doubler et exporter vers les pays voisins. Des conventions ont déjà été signées avec le Ghana et le Burkina Faso. Ce qui facilite grandement l’installation d’industries lourdes.
Au niveau des échanges commerciales, la Côte d’Ivoire est le 36ème client de la Tunisie en 2011 et son 62ème fournisseur. Les exportations tunisiennes vers ce pays s’élèvent à 34,7 MDT en 2011, en progression de 8,7% en moyenne sur les cinq dernières années. Quant aux importations, elles sont de 21,7 MDT, en baisse de 10% à la même période.