Cisco joue les trouble-fête du mariage entre Microsoft et Skype

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Les logos de Skype et Microsoft (Photo : Justin Sullivan)

[15/02/2012 22:23:52] NEW YORK (AFP) L’équipementier américain de télécoms Cisco a fait appel mercredi du feu vert donné par la Commission européenne au rachat de Skype, pionnier de la téléphonie sur internet, par le géant des logiciels Microsoft, mais il a peu de chances de faire échouer l’opération.

“Imaginez comme il serait difficile d’appeler des gens si vous deviez vous limiter à ceux qui utilisent le même opérateur ou si votre téléphone ne pouvait appeler que certaines marques. Cisco veut éviter cet avenir aux télécommunications par vidéo”, a affirmé sur le site internet de Cisco Martin de Beer, l’un des dirigeants du groupe.

“C’est pour cela que Cisco a fait appel devant le Tribunal (de l’Union européenne) de l’autorisation donnée par la Commission à la fusion Microsoft-Skype”, a-t-il ajouté.

M. de Beer a souligné que Cisco s’était associé au fournisseur italien de téléphonie et vidéo par internet Messagenet pour cette procédure en appel.

“Cisco ne s’oppose pas à la fusion mais estime que la Commission européenne aurait dû y mettre des conditions qui auraient assuré une meilleure interopérabilité des normes”, qui permet à divers outils de marques différentes de communiquer entre eux sans restrictions d’accès ou de normes, a encore fait valoir le responsable.

Une bonne interopérabilité éviterait “qu’une entreprise unique puisse s’emparer de l’avenir des communications par vidéo”, a-t-il précisé.

Selon la presse américaine, Cisco faisait partie des rivaux de Microsoft pour la reprise de Skype, fondé en 2003 et acquis en 2005 par le site d’enchères en ligne eBay.

Skype avait été revendu à un groupe d’investisseurs mené par le fonds Silver Lake en novembre 2009 pour 2,75 milliards de dollars. Son rachat par Microsoft avait été annoncé le 10 mai 2011 pour 8,5 milliards de dollars, le géant des logiciels souhaitant renforcer sa présence sur internet face à Google et à Facebook.

La Commission européenne avait donné début octobre son feu vert à l’opération, estimant qu’elle “n’entraverait pas de façon significative le jeu d’une concurrence effective dans l’Espace économique européen”.

Mercredi, Microsoft s’est “confiant” dans une validation de la décision de la Commission, chargée de la protection de la concurrence dans l’Union.

L’instance européenne “a mené une enquête complète à laquelle Cisco a activement participé sur l’acquisition, et elle a approuvé l’accord dans une décision de 36 pages sans aucune condition”, a rappelé un porte-parole du groupe dans une déclaration par courriel.

En outre, l’analyste technologique Robert Enderle, interrogé par l’AFP, estime que Cisco a peu de chances d’obtenir gain de cause: “à ce stade il est virtuellement impossible de parvenir à quelque chose”.

“Ils sont probablement intéressé par autre chose que ce qu’ils disent. Ils essaient sans doute de mettre la pression sur Microsoft pour quelque chose qu’ils négocient mais on ne sait pas encore quoi”, a-t-il estimé.

Selon l’analyste, l’équipementier américain n’est pas crédible dans ses allégations: “le marché de la vidéo par internet est plein de produits qui ne communiquent pas les uns avec les autres”.

“Cisco est l’un des plus gros acteurs de ce marché et ils n’ont pas pris d’initiative” en faveur de systèmes inter opérables, a conclu M. Enderle.

L’action de Cisco a fini la séance de mercredi en baisse de 0,80% à 19,91 dollars et celle de Microsoft a perdu 0,66% à 30,05 dollars dans un marché en baisse.