Présidence de la Banque mondiale : aux émergents de trouver un candidat

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ésident de la Banque mondiale Robert Zoellick le 28 septembre 2009 à Washington (Photo : Win Mcnamee)

[16/02/2012 08:10:01] WASHINGTON (AFP) Les pays émergents pourraient saisir l’occasion du renouvellement de la présidence de la Banque mondiale pour réclamer plus d’influence au sein des institutions internationales, si seulement ils parviennent à trouver un candidat commun.

Lors de la recherche en 2011 d’un nouveau directeur général au Fonds monétaire international, les “Brics” (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) avaient écrit une lettre de protestation vigoureuse contre la mainmise européenne.

Au final, ils n’avaient pas présenté de candidat face à celle des Européens, Christine Lagarde, favorite dès le départ, et dont l’arrivée avait été soigneusement préparée en coulisses.

Cette fois, il n’y a plus l’excuse du manque de préparation. Si Dominique Strauss-Kahn avait quitté le FMI dans la précipitation, l’Américain Robert Zoellick ira au bout de son mandat, et il était prévisible que les Etats-Unis sous présidence démocrate ne cherchent pas à reconduire ce républicain.

Le plus dur reste à faire: s’unir autour d’un seul nom capable de fissurer le bloc formé par l’Europe et les Etats-Unis, qui depuis l’après-guerre se partagent la direction des institutions de Bretton Woods.

Aucun pays en développement n’a jamais réussi à présenter un rival sérieux à la Banque mondiale, note Katherine Marshall, une professeur de science politique à Washington et ancienne de l’institution.

Les deux dernières fois que le poste a été à pourvoir, en 2005 et en 2007, “il y a eu beaucoup de discussions sur d’autres candidats” que l’Américain qui l’a emporté, mais “ça ne s’est pas vraiment organisé”, rappelle-t-elle à l’AFP.

Le Brésil a été le premier à soulever la question mercredi. “Notre objectif est que les pays émergents aient les mêmes possibilités d’arriver à la direction de ces organismes internationaux”, a noté son ministre des Finances Guido Mantega.

“Ils avaient déjà joué cette partition lors de la succession de DSK”, remarque une source proche de la Banque mondiale.

Or le jour du vote, Brasilia avait préféré Mme Lagarde à son concurrent mexicain, Agustin Carstens, jugé trop proche des Etats-Unis.

“Les Chinois s’allieront-ils avec les Indiens et les Brésiliens et d’autres économies émergentes pour soutenir un candidat maison, contrairement à ce qu’ils ont fait dans le cas du FMI?”, s’interroge sur son site Nancy Birdsall, une ancienne dirigeante de la Banque mondiale.

D’après elle, la réponse est d’autant moins évidente que ce candidat aurait une partie difficile à jouer face à celui de Washington: la Maison Blanche n’a aucun intérêt, en pleine campagne présidentielle, à laisser échapper ce poste exclusivement américain depuis 1946.

Le plus puissant pays des Brics, la Chine, est aussi le seul représenté au sommet de l’organigramme de la Banque, avec le poste d’économiste en chef et premier vice-président occupé par Justin Lin.

Pékin, qui se retrouve régulièrement en concurrence frontale avec la Banque mondiale dans l’aide au développement, en particulier en Afrique, est resté discret ces dernières années dans la remise en cause de l’hégémonie occidentale à la tête du FMI et de la Banque mondiale.

L’Inde, le client le plus important de la Banque, a plus à gagner, étant dans l’ensemble mal représentée au sein des instances internationales.

“Il y a certains Indiens qui seraient vraiment des candidats très solides, et comme l’Inde est le principal usager de la Banque, ils seraient légitimes”, déclare à l’AFP Bessma Momani, professeur de science politique à l’université de Waterloo (Canada).

Mais elle imagine difficilement les Etats-Unis perdre cette course. “Collectivement les pays émergents et en développement peuvent bloquer l’élection d’un candidat américain. Ils ont assez de voix pour le faire. Mais vu ce qui s’est passé au FMI, je ne vois pas beaucoup d’espoir” pour leurs éventuels candidats.