Il ne fait de doute pour personne que les Tunisiens commencent à accumuler une
expérience respectable des courants politiques ayant émergé après la Révolution,
qu’ils observent, font leurs comptes et constatent ceux qui se mobilisent
vraiment pour eux.
La catastrophe naturelle qui vient de s’abattre sur de nombreuses régions du
pays, coupant certains coins perdus du monde pendant des jours, entamant
radicalement les ressources, livrant des milliers de nos compatriotes au froid,
au besoin, à la perte du toit… mais ces Tunisiens ont vite vu le déploiement
(et le dévouement sans bornes) des porteurs de secours.
Ils ont vu les militaires les brodequins dans la neige, au volant des Magirus et
des Humvees, aux commandes des hélicos… se déployer en ignorant le froid et
l’inaccessibilité des lieux. Ils ont vu la Garde nationale, les opérateurs
municipaux, les garde-forestiers, les agents de la
STEG… Ils ont vu les
activistes de la société civile s’engager à l’intérieur des terres pour donner
nourriture et couvertures. Ils ont vu les caravanes organisées par les autres
gouvernorats. Ils ont même vu un convoi venu de Libye pour leur prêter main
forte…
Mais nos concitoyens pris en otage par les neiges n’ont pas vu des membres du
gouvernement, ni des salafistes, ni des mounaqqabaat pour les soutenir au moins
moralement alors que “telle est la plus faible des croyances“, dirait le texte
de la Tradition!
Nous avons déjà parlé dans un papier précédent de l’absence lamentable des
membres du gouvernement et nous n’allons donc pas en rajouter. Seulement, il
nous semble naturel, après l’importance prise par les salafistes et les
mounaqqabaat dans la vie nationale, de nous interroger sur leur absence de
l’effort national de solidarité alors que des Tunisiens en avaient le besoin le
plus immédiat.
Car nous avons tous vu, au cours des derniers mois, la mobilisation ultra rapide
des
salafistes et des mounaqqabaat quand il s’agissait de se montrer à l’opinion
publique, leur engouement à défendre toutes sortes de choses sans demander
l’avis de personne au sein même de cette population qu’ils cherchent à
convaincre, leur inclinaison à tout monter en créneau sans nuances devant des
Tunisiens majoritairement tempérés…
Les Tunisiens ont observé et ont constaté ceux qui se sont mobilisés vraiment
pour eux; c’est-à-dire les militaires, la Garde nationale, les opérateurs
municipaux, les garde-forestiers, les agents de la STEG, les activistes de la
société civile, les Libyens… et, bien sûr, ceux qui ne se sont pas mobilisés
pour eux, notant qu’au plus fort de leurs souffrances ils n’avaient vu aucun
jilbab, aucun niqab. Maintenant, les Tunisiens vont faire leurs comptes.