ère du monde, photographiée le 30 juillet 2011 à Montréal, au Canada. |
[17/02/2012 10:20:11] MONTREAL (AFP) Une petite société établie au Canada propose la tablette numérique la moins chère au monde destinée à brancher sur le net des millions de pauvres plutôt qu’à séduire les aficionados de l’iPad.
Datawind, une société dirigée par les frères canadiens d’origine indienne Suneet et Raja Singh Tuli, a fourni en octobre 100.000 tablettes “Aakash” (“ciel”, en hindi) au gouvernement indien dans le cadre d’un programme d’accès des étudiants aux technologies de l’information.
Le coût de cette tablette? 35 dollars! Elle a été conçue dans les locaux de l’entreprise à Montréal et produite en Inde.
Depuis ce premier contrat public, “Aakash” fait parler d’elle. Datawind lancera en mars une version améliorée, pour le grand public, de cette tablette, pour un peu plus de 50 dollars.
“L’accueil est fantastique! Nous recevons environ 30.000 pré-commandes par jour. Nous avons déjà reçu trois millions de commandes individuelles”, affirme Suneet Singh Tuli lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP.
“A la fin des années 90, il y avait 750 millions de personnes branchées sur internet et autant d’utilisateurs du téléphone portable. Depuis, le nombre des utilisateurs du portable a atteint six milliards, mais il y a deux milliards d’abonnés à l’internet, un écart de quatre milliards de personnes… Nous pensons que cet écart est dû à la question du prix”, dit-il.
D’où l’intérêt, selon lui, de lancer une tablette numérique à bas coût, qui fait aussi office de premier ordinateur, pour les classes défavorisées.
La petite société enregistrée au Canada et en Grande-Bretagne ne joue pas dans la cour des grands comme Apple (iPad), Samsung (Galaxy), voire Research in Motion, le fabricant du BlackBerry qui s’est cassé les dents avec sa PlayBook.
“Les gens qui achètent un iPad ont déjà un ordinateur portable, un ordinateur au bureau, un téléphone multifonctions et d’autres gadgets. Dans notre cas, les clients n’ont rien de tout ça et cherchent un premier appareil”, souligne M. Singh Tuli.
Pour l’heure, seulement 8% des 1,2 milliard d’habitants de l’Inde sont connectés, selon une étude de l’Association des entreprises indiennes de l’internet et du mobile.
Le géant américain de l’internet Google pronostiquait en septembre que le nombre d’internautes en Inde serait multiplié par trois d’ici trois ans grâce à un meilleur accès à l’internet sans fil et aux prix plus abordables des téléphones multifonctions.
“Il est probable que la demande pour les tablettes en Inde dépasse celle des ordinateurs. Le marché peut facilement atteindre 20-30 millions de tablettes par an et nous souhaitons avoir une part significative de ça”, dit M. Singh Tuli.
Mais comment peut-on vendre à profit une tablette numérique à 35 dollars?
“Le défi est de créer le bon ensemble d’applications pour le consommateur. Est-ce que vous avez vraiment besoin de Bluetooth (système de connexion entre appareils électroniques)? C’est peut-être important pour certains consommateurs, mais pour d’autres, le plus important, c’est le prix. Et pour ce prix, ils veulent avoir l’accès à l’internet, à des applications de base et à la vidéo”, affirme M. Singh Tuli.
Sur l’internet, la tablette “Aakash” passe à la moulinette des spécialistes des nouvelles technologies qui soulignent la faible luminosité de son écran, sa lenteur, le nombre restreint de ses applications et le peu d’autonomie de ses batteries.
Malgré ces critiques, l’intérêt ne s’estompe pas.
La direction de Datawind a rencontré des responsables de la Banque mondiale pour discuter du potentiel de la tablette comme outil d’éducation dans les pays en voie de développement où le coût d’un iPad par exemple demeure prohibitif.
Après l’Inde, Datawind compte vendre ses tablettes en Thaïlande, en Egypte, au Brésil, et en Amérique latine, souligne M. Singh Tuli.