élève rédige un tweet sur le site Twitter, le 14 février 2012 dans une école maternelle de Talence, dans la banlieue de Bordeaux. (Photo : Pierre Andrieu) |
[19/02/2012 10:13:42] TALENCE (Gironde) (AFP) “Aujourd’hui, toute la classe a remarqué que la chenille avait plusieurs couleurs”: ils ont cinq ans, ne savent ni lire ni écrire mais les vingt-neuf élèves d’une classe maternelle de la banlieue de Bordeaux twittent quotidiennement un message sur leurs activités.
Depuis le début de l’année scolaire, les élèves de grande section de l’école Albert-Camus de Talence (Gironde) envoient chaque jour un message de 140 caractères maximum – selon le principe du site de micro-blogging – aux 89 abonnés de leur compte, principalement leurs parents, auxquels ils racontent brièvement une activité réalisée dans la journée.
Le 10 janvier, les enfants ont écrit à leurs abonnés: “Nous avons terminé les couronnes. Nous allons manger la galette des rois”. Un mois plus tard, c’est la neige qui a les honneurs du tweet: “Nous avons ramassé de la neige pour observer comment elle se transforme en eau”.
Chaque jour, le processus de création du tweet est identique: les enfants proposent des sujets, ils en débattent, guidés par l’instituteur, avant de voter. Le groupe donne ensuite des bribes que le maître aide à mettre en forme. Une fois le message établi, deux élèves s’attellent à l’écriture au clavier avec l’aide d’un adulte.
“On adore écrire sur l’ordinateur comme les grands”, se réjouit Emma, 5 ans. “On aime quand les gens s’inscrivent” sur le compte, renchérit Yoan, prêt pour la cinquième fois depuis le début de l’année à s’attabler une vingtaine de minutes devant l’écran.
“Les élèves passent ainsi du caractère cursif du message écrit sur papier, aux capitales d’imprimerie du clavier, puis aux minuscules sur l’écran”, explique M. Guillem qui rappelle que familiariser les enfants au passage de différents alphabets “fait partie du programme de grande section”, tout comme le passage de l’oral à l’écrit.
Pour le maître-formateur, qui “réfléchit depuis longtemps à l’intégration des développements technologiques dans la classe”, le réseau social, même avec des tout-petits, s’intègre parfaitement dans une “démarche pédagogique”.
élèves sont réunis autour de leur enseignant, le 14 février 2012 dans une école maternelle de Talence, dans la banlieue de Bordeaux. (Photo : Pierre Andrieu) |
Chaque message fait l’objet d’une réflexion par les élèves sur le fond (la bêtise de Noé qui a fait perdre au jeu du trésor doit-elle être mentionnée dans le tweet ?) et les destinataires (va-t-on autoriser la soeur de Yoan à suivre le compte ?).
“Les cahiers de liaison ont toujours existé. Avec Twitter, c’est la forme qui change, pas le fond”, juge la directrice de l’école, Catherine Barraud, qui se dit “toujours prête à soutenir les enseignants pour des projets nouveaux” malgré le manque de moyens.
“Avec Facebook et Msn, on a vu des dérives très dangereuses, avec des enfants qui n’étaient pas accompagnés”, rappelle M. Guillem qui explique que son objectif est d’éduquer non seulement les enfants, mais aussi les parents. Environ 80% des parents ont accepté de suivre le compte de la classe alors qu’en début d’année un seul d’entre eux était abonné à Twitter et une poignée seulement avaient un profil Facebook.
“Il faut qu’ils s’interrogent sur la façon dont cela se passera lorsque leurs enfants auront 12 ans et qu’ils utiliseront les outils du futur”, estime l’instituteur.
Il se défend d’être un précurseur. “Il existe plein de pistes, la mienne n’est pas la seule”, rappelle-t-il. Elle semble toutefois avoir atteint son objectif: lorsqu’il a demandé en novembre à ses élèves s’ils voulaient continuer à twitter, tous ont dit oui car cela leur “faisait plaisir d’écrire”.