Petroplus : un ballon d’oxygène pour Petit-Couronne avec un contrat Shell

photo_1329747185464-5-1.jpg
La raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, le 30 janvier 2012 (Photo : Kenzo Tribouillard)

[20/02/2012 16:40:30] PETIT-COURONNE (AFP) La perspective d’un contrat ponctuel avec Shell devrait permettre de redonner un peu d’oxygène à la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, près de Rouen, qui pourra ainsi redémarrer et tenter de faire la preuve de sa viabilité.

“Ce contrat est en cours de finalisation mais nous avons une lettre du ministère de l’Industrie qui nous en donne les détails”, a assuré Nicolas Vincent, coordinateur CGT dans cette raffinerie qui compte 550 salariés et qui est à l’arrêt depuis début 2012, faute d’alimentation en brut.

De son côté, Bruno Rosenthal, porte-parole de la Société des pétroles Shell à Paris, a indiqué ne pas avoir de commentaires à faire tout en confirmant que le groupe est engagé dans des “discussions” avec les différentes parties “en vue d’un redémarrage de ce site”.

D’une durée de six mois, ce contrat doit permettre à la raffinerie de redémarrer pour les besoins de Shell qui fournira le brut et paiera le coût de sa transformation en produits finis récupérés en fin de raffinage.

“C’est comme si vous apportiez du tissu à un tailleur pour qu’il vous fabrique un costume sur mesure avec”, explique Laurent Patinier, délégué CFDT.

Si le contrat est confirmé, ce sera un retour provisoire en Normandie pour le groupe anglo-néerlandais qui a exploité ce site ouvert en 1929, jusqu’à sa vente au groupe suisse Petroplus en 2008.

Selon Nicolas Vincent, il faudra toutefois “entre un mois et un mois et demi” pour voir les torchères de cette raffinerie cracher à nouveau de la fumée, compte-tenu de la complexité des installations et de la nécessité de les remettre à niveau.

Pour financer ces travaux et payer les salaires durant ce laps de temps, quelque 50 millions d’euros vont devoir être mobilisés, selon la lettre du ministère. Ils seront couverts par des avances accordées au titre des quotas d’émission de CO2 pour 10 millions d’euros, par l’Etat par le biais de l’Aide à la réindustrialisation pour 20 millions et par Shell à hauteur de 10 millions immédiatement et 10 autres millions au fil de l’exécution du contrat.

Pour l’intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC, la perspective d’un redémarrage place la raffinerie dans une meilleure position vis-à-vis de repreneurs potentiels. “A nous maintenant de montrer que notre raffinerie est viable et qu’elle a les meilleurs rendements”, a affirmé Nicolas Vincent.

La date du dépôt des offres de reprise de la raffinerie, qui est l’une des cinq exploitées en Europe par Petroplus, déclaré en faillite à la fin janvier, a été fixée au 15 mars, au plus tard. “Les offres fermes pourront toutefois être élaborées plus tard ce qui laissera le temps aux candidats de voir le site en fonctionnement”, a précisé Laurent Patinier.

Jusqu’à présent trois investisseurs (Klesch, Goldsmith et Global Emerging Markets) ont manifesté publiquement des signes d’intérêt pour tout ou partie du groupe mais d’autres, ayant requis la confidentialité, seraient aussi sur les rangs, selon l’intersyndicale.

Sur le terrain, la mobilisation ne faiblit pas pour tenter de sauver cette raffinerie: plusieurs centaines de personnes se sont encore rassemblées lundi midi devant ses portes autour d’un barbecue géant. L’opération était organisée par les municipalités de Grand-Couronne (PCF) et de Petit-Couronne (PS) qui voulaient ainsi manifester leur soutien aux salariés.