ée à Ayutthaya, en novembre 2011 (Photo : Pornchai Kittiwongsakul) |
[20/02/2012 21:07:13] BANGKOK (AFP) Les inondations en Thaïlande il y a quelques mois ont été dévastatrices pour l’économie qui a perdu pas moins de 10% au dernier trimestre de 2011, ramenant le royaume à une croissance quasi nulle sur l’ensemble de l’année, selon des chiffres publiés lundi.
Le Produit intérieur brut (PIB) a accusé une baisse de 10,7% entre le troisième et le quatrième trimestre, et de 9% comparée au dernier trimestre 2010, selon le Bureau de l’économie nationale et du développement social (NESDB).
Et alors que le continent conserve des rythmes de croissance plutôt enviable à l’échelle mondiale, la Thaïlande n’affiche plus qu’une croissance de 0,1%, bien en deçà de celle de 2010 (+7,8%) et des espoirs du gouvernement.
Une chute sans équivalent, même pendant la crise asiatique des années 1997-98, qui n’avait provoqué que des baisses de 4 à 5%, quoique sur une période plus longue.
“C’est une chute inattendue provoquée principalement par le secteur industriel”, a précisé Apichai Thamsermsukh, un responsable de l’agence gouvernementale.
Les inondations, les plus importantes depuis un demi-siècle, s’étaient étendues dans 65 provinces sur 77, submergeant notamment une vaste plaine au Nord de Bangkok. Les autorités avaient cependant réussi à éviter que le centre-ville commercial et touristique de la capitale ne soit noyé.
Sept zones industrielles majeures avaient été en revanche englouties. Au total, plus de 800 personnes avaient été tuées et quelque 13 millions de personnes touchées.
Les dégâts se sont chiffrés en milliards de dollars, et les chaînes mondiales d’approvisionnement ont été sérieusement perturbées dans des secteurs comme l’automobile, notamment au Japon, et l’informatique.
“La contraction est seulement temporaire”, a jugé Usara Wilaipich, économiste pour la banque Standard Chartered. “Il y aura une reprise cette année, portée par la demande intérieure et la production industrielle, qui remontent”.
Mais la dynamique n’en est pas moins lente. L’appareil productif a souffert et le niveau des exportations prendra du temps pour revenir à la normale dans un contexte mondial très incertain.
“Les producteurs de semi-conducteurs doivent importer et installer de nouvelles machines pour remplacer celles qui ont été endommagées dans les inondations. Je pense que leurs opérations reprendront au troisième trimestre”, a ajouté Usara.
Le gouvernement multiplie pour sa part les déclarations optimistes pour l’année 2012, affirmant pouvoir dépasser les 5% de croissance.
“La Banque de Thaïlande pronostique une croissance de 4,5 à 5% cette année mais si nous le gérons correctement, on peut obtenir 7% sans surchauffe”, a estimé le ministre des Finances, Kittiratt Na-Ranong, dans une interview au Wall Street Journal la semaine dernière.
Le NEDSB a lui même augmenté ses prévisions d’un point lundi, tablant sur une croissance de 5,5 à 6,5% cette année.
“Nous estimons que l’économie thaïlandaise connaîtra une croissance forte dans la seconde moitié de l’année”, a jugé son secrétaire général Arkom Termpitayapaisit lors d’une conférence de presse, admettant que l’appareil productif était pour l’heure “en convalescence”.
En janvier, la Banque centrale de Thaïlande avait baissé son taux directeur pour la deuxième fois en trois mois, pour tenter de relancer la machine économique. Le taux était passé de 3,25% à 3,0%.
Les analystes estiment qu’une nouvelle baisse est prévisible dans les semaines ou mois à venir, compte-tenu d’une inflation ramenée à 3,5% en 2011.