C’est officiel donc: l’ouverture du ciel tunisien à la concurrence internationale dans le cadre de l’Open Sky n’est pas pour demain. Selon Habib Mekki, directeur général de l’Aviation Civile au ministère du Transport, «la Tunisie a reporté, sine die, les négociations, à ce sujet, avec l’Union européenne (UE)», principal partenaire des transporteurs tunisiens.
Le gouvernement tunisien était convaincu et l’est encore que l’Open sky permettrait de grignoter une partie du marché de ces touristes qui ont tendance à voyager, deux à trois fois par an, sur des vols charters et à coûts réduits, et devrait, par conséquent, favoriser, non seulement de plus importants flux de touristes vers le pays mais également une percée des industriels tunisiens sur les marchés émergents (Maghreb, Afrique, Sud-est asiatique…), jusque-là sous-desservies par les compagnies aériennes.
Avant la révolution du 14 janvier 2011, la Tunisie, qui avait commencé à cogiter sur ce dossier depuis 2009, s’était engagée auprès de l’Union européenne d’ouvrir son ciel, au plus tard en novembre 2011, et ce après un round de négociations. La révolution en a voulu autrement.
Les négociations devraient, cependant, reprendre dès le retour à la normale des activités des compagnies aériennes nationales, «celles-ci étant affectées par les conditions exceptionnelles qu’a vécues le pays après la révolution», selon le communiqué officiel faisant état de ce report.
A regarder de près, c’est peut-être une sage décision dans la mesure où les deux transporteurs publics (Tunisair et sa filiale Tunisair-Express) et les deux transporteurs privés (Nouvelair et Syphax Airlines) pourront disposer du temps matériel requis pour se préparer à cette concurrence internationale.
Est-il besoin de rappeler, ici, qu’il s’agit bien d’un sérieux défi que les compagnies tunisiennes devraient relever. Car, les compagnies dites low cost, aguerries à un sacro-saint management de qualité, productivité et compétitivité totales, lui livreront, sans état d’âme, une concurrence sans merci sur son propre terrain.
Il faut dire que la Tunisie ne part pas totalement bleue en la matière. La centaine de compagnies étrangères de transport aérien, spécialisées dans le low cost, qui desservent, actuellement, plusieurs aéroports tunisiens, ont permis à la Tunisie d’acquérir une expertise en la matière.
Cette expertise sera renforcée par l’entrée en fonction, au mois de mars prochain, de la compagnie privée Syphax Airlines qui sera spécialisée, elle, carrément dans le low cost.
Globalement, pour relever ce défi d’ouverture, les experts recommandent particulièrement aux compagnies régulières d’agir sur trois plans. Il s’agit d’introduire le maximum de valeur ajoutée tout le long du segment de traitement du client, depuis sa réservation jusqu’à la fin de son voyage, de multiplier les liaisons sur les longues distances (long-courriers vers les continents américain, asiatique et africain…) et d’augmenter les fréquences au niveau des liaisons régulières. Objectif: occuper le terrain et renforcer sa présence sur le régulier.
In fine, relevons que l’Open sky n’est pas, hélas, toujours la panacée idéale pour attirer des flux plus importants de touristes. Les objectifs volontaristes assignés à l’ouverture des cieux nationaux n’ont pas été toujours atteints. C’est le cas d’un pays comparateur comme le Maroc qui a ouvert, depuis 2004, son ciel. Cette ouverture ne s’est pas accompagnée, nécessairement, par des flux notoires de touristes. Elle a tout juste profité aux Marocains à l’étranger qui ont sauté sur l’aubaine pour rentrer plus souvent au bercail. Ce qui est loin d’être pas négligeable. C’est toujours des précieuses de devises qui rentrent. Non!