Tunisie-Arabie Saoudite : histoire d’un dégel

jebali-roi-abdallah230212.jpgAprès avoir réservé à l’Union européenne son premier déplacement à l’étranger -et peut-être rendu une visite fraternelle au président Bouteflika et au roi Mohamed VI au cours des prochaines semaines-, c’est à l’Arabie Saoudite que Hamadi Jebali effectuera son premier voyage dans le Golfe. Le premier ministre tunisien s’y rendra en réponse à une invitation du roi Abdallah. Lors de cette visite, il aura des entretiens avec le roi Abdallah et l’homme fort du régime –et ami de Ben Ali- le ministre de l’Intérieur Nayef Ibn Abdelaziz. Il n’y est pas allé pour demander de l’aide –comme il l’a fait à Bruxelles- mais pour ouvrir une page dans les relations tuniso-saoudiennes affectées par la décision de Riyadh d’accorder l’asile à l’ancien président Ben Ali.

Le processus de dégel a commencé une année presque jour pour jour après la chute du régime Ben Ali, lorsque l’ambassadeur saoudien à Tunis a remis à Hamadi Jebali une invitation du Roi Abdallah à visiter l’Arabie Saoudite. De son côté, le Premier ministre tunisien a manifesté le désir du gouvernement actuel d’ouvrir une nouvelle page dans les relations tuniso-saoudiennes en effectuant la visite près d’un mois après avoir reçu l’invitation.

Une première tentative de normalisation a eu lieu en septembre dernier, alors que le gouvernement Caïd Essebsi était encore en poste, à l’occasion de la visite en Tunisie du ministre saoudien des Affaires étrangères, le Prince Saoud Al-Fayçal; mais n’a pas produit l’effet escompté. Car le responsable saoudien qui avait déclaré que la Tunisie qui, a-t-il dit, «est un pays ô combien cher aux cœurs de chaque Arabe et chaque musulman notamment au Royaume», et réaffirmé la volonté de son pays de raffermir la coopération tuniso-saoudienne au service des intérêts des deux peuples frères, a par la même informé que son pays ne procèdera pas à l’extradition de Ben Ali et aurait même demandé aux autorités tunisiennes de laisser Abdallah Kallel quitter le pays pour aller se faire soigner en Arabie Saoudite. Une demande bien sûr rejetée.

Par la suite, le Forum de Davos a permis de faire avancer le processus de normalisation. En effet, le Prince Turki Bin Fayçal Al Saoud, ancien chef des services de renseignement et actuel président du Centre Roi Fayçal pour la Recherche et Etudes islamiques, a profité de la participation de son Premier ministre au déjeuner accordé par les Arab Investors, en marge de cette manifestation, pour adresser un appel du pied à la Tunisie: «Les pays du Printemps arabe ne devraient pas se tourner vers les pays occidentaux pour demander de l’aide, car c’est nous qui avons l’argent», avait dit en substance le responsable saoudien. Qui profitera d’une poignée de main échangée à la fin du déjeuner pour indiquer à Hamadi Jebali que ses propos s’adressaient à lui. «Message reçu», lui a répondu ce dernier.

L’explication au sommet s’étant visiblement bien déroulée, on passe maintenant à la phase de relance. Alors Cheikh Salah Kamel, le patron du Groupe Dallah Al Baraka, pour y contribuer en tant que leader du secteur privé, le Prince Nayef Ibn Abdelaziz, le Prince héritier, a en effet chargé le ministre des Finances, Ibrahim Abdel Aziz Al Assaf, de visiter rapidement la Tunisie pour y apporter la contribution du gouvernement saoudien.

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