Lancé dans l’enthousiasme, la générosité et le bénévolat, au lendemain du triomphe de la révolution de la liberté et de la dignité, le Parti du Travail Tunisien (PTT), expression politique de la mouvance du centre gauche, travailliste dans l’âme et proche des milieux syndicalistes de l’UGTT, n’arrive pas, nous dit-on, à digérer sa déconfiture électorale, liée aux élections de l’Assemblée nationale constituante, à être attentif aux signes des temps, à mobiliser la base potentielle de la social-démocratie dans le pays, à imprimer sa marque sur les événements, à re-canaliser les énergies, à promouvoir ses idées, à hiérarchiser ses objectifs, à mordre sur la réalité, à mixer les idées, à construire des alliances sur les sujets les plus divers, à se donner des leviers et des repères, à ajuster l’exercice de la politique à l’ensemble des réalités politiques, économiques et sociales de la nation, à se fixer un cap, à s’adosser aux avantages d’une stratégie de mouvement, à retrouver de la profondeur stratégique, à se mettre d’accord pour équilibrer les compromis au sein des instances dirigeantes, à raisonner en termes de coalitions et à tirer, à l’unisson, les enseignements à même de permettre au parti de se positionner sur le nouvel échiquier politique, issu des rapports de force du scrutin du 23 octobre 2011.
Réuni récemment (samedi 18 février 2012) pour se pencher et se prononcer sur la dynamique unitaire engagée auprès du mouvement Ettajdid et des éléments du Pôle Démocratique Moderniste (PDM), le Conseil Politique du Parti du Travail Tunisien a dévoilé au grand jour ses dissensions internes, étalé une véritable guerre de chefs et montré une incapacité désolante à fédérer des points de vue contradictoires.
En somme, comme deux boxeurs, Ali Romdhane, ex-figure de proue de la Place Mohammed Ali, réputé proche des milieux pieux, réfractaire à tout rapprochement avec des formations d’obédience marxiste, et Abdeljalil Bédoui, coordinateur général du PTT, enfant terrible de la société civile et ardent défenseur d’un ancrage à gauche, sortent groggy du combat. Minés comme jamais par la haine. Les quolibets. Les claquements de pupitre. Les invectives. Les brouhahas. Dommage… A ce jeu là, nul ne peut dire où le déballage s’arrêtera.
A la fin de la réunion, tard dans la soirée, aucun des deux n’a réussi à mettre son adversaire KO. A transcender les clivages. A apprendre à la base à se contraindre et à prévoir. A disséquer les silences. A enserrer le partenaire dans un réseau de partenaires. A porter le fer dans la plaie. Même si les recommandations du Conseil politique ont dégagé un parfum de consensus. Evité de trancher sur le vif. Différé les décisions salutaires. Laissant entrevoir une unité de façade… Un jeu réjouissant de chien et chat.
Or, les vrais gagnants, affirme un fin observateur de la scène politique locale, se signalent toujours par leur capacité à entrevoir des solutions inattendues. A subjuguer. A prendre de la hauteur. A dominer le quotidien. A empêcher la confusion. A éviter les manœuvres florentines et les slogans nunuches. Eh oui…! Il est des temps où les intentions les plus pures ne suffisent pas pour diriger, où elles égarent. Car les passions de l’homme sont de tous les temps. Mais l’art du politique est de les employer au bien commun.
On le comprend bien, le Parti du Travail Tunisien, une formation politique, qui se voulait poreuse aux idées nouvelles, après des débuts prometteurs, n’est plus, sur la scène publique, qu’une métaphore de tous les autres partis politiques modernistes, englués dans le nombrilisme et les égos dévastateurs.
Des partis de Généraux. Sans fantassins. Comme toujours, le fond finit par remonter à la surface.
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