Technicolor s’enfonce dans le rouge, les syndicats craignent une charrette

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Un studio de Technicolor (Photo : Gabriel Bouys)

[24/02/2012 17:51:34] PARIS (AFP) Le groupe français Technicolor a annoncé vendredi un nouveau plan stratégique sur trois ans, après avoir plus que quadruplé ses pertes en 2011, faisant redouter aux syndicats un nouveau train de licenciements et à terme la disparition de ses activités en France.

L’entreprise, née de la scission des activités grand public de l’ancien groupe Thomson et aujourd’hui spécialisé dans les technologies pour les médias, s’est lourdement enfoncé dans le rouge l’an dernier avec une perte nette de plus de 300 millions d’euros.

Technicolor en avait perdu 69 millions en 2010, mais avait alors bénéficié d’un bonus exceptionnel de 381 millions lié à la restructuration de sa dette.

Le très relatif répit de 2010 n’aura été que de courte durée pour le groupe qui n’arrête pas de devoir restructurer ses métiers.

Le résultat des seules activités poursuivies (après restructuration) est ainsi tombé dans le rouge l’an dernier, avec une perte de 33 millions, contre un bénéfice net de 38 millions l’année précédente.

Ses ventes se sont également repliées (-3,5%) à 3,45 milliards d’euros, malgré un rebond (+4,8%) sur le segment “Divertissement” (fabrication et distribution de DVD) qui a généré à lui seul 1,7 milliard de recettes.

A l’inverse, l’activité historique de “Maison Connectée” (décodeurs) a particulièrement souffert et accusait au 31 décembre une “perte opérationnelle très significative” de plus de 40 millions d’euros.

Le groupe a eu beau présenter un plan stratégique de redressement sur trois ans, et mis en avant un flux de trésorerie “positif” et une bonne résistance en exploitation, il n’a rassuré ni les syndicats, ni les investisseurs.

En Bourse, le titre Technicolor, qui s’était bien redressé depuis novembre, a perdu près de 2% à 2,19 euros, après avoir ouvert la séance boursière en chute libre de 10%.

Pour Frédéric Suire, porte-parole de l’intersyndicale de Technicolor, le plan stratégique “n’est qu’un énième plan de recentrage du groupe sur ses activités cinéma”, et le prélude d’un “démantèlement de ses activités industrielles”, voire de sa “disparition” en France.

Le groupe avait déjà annoncé en décembre un plan de restructuration, avec à la clef la suppression de 600 postes dans le monde, dont 125 en France.

Aujourd’hui, ce sont près de 800 emplois qui sont menacés dans l’Hexagone, selon les syndicats: à Angers (350 salariés), Saint-Cloud (330 salariés auxquels s’ajoutent 300 intermittents du spectacle), Issy-le-Moulineaux (70 salariés) et Rennes (26 salariés et 44 prestataires).

Premier fabricant français de téléviseurs dans les années 1990, la société a changé complètement de profil, en se recentrant sur les services créateurs de contenu, c’est-à-dire les studios de cinéma et télévision, autour de la marque Technicolor rachetée fin 2000.

Les effectifs du groupe dans le monde ont été réduits drastiquement depuis 2003, passant de 60.000 personnes à 17.000 actuellement.

“C’est l’absence de vision stratégique totale de la direction du groupe qui a été payée par les salariés”, selon le porte-parole des syndicats.

Le directeur général Frédéric Rose, lui, a fixé une feuille de route financière précise à l’horizon 2015: un excédent brut d’exploitation (Ebitda) supérieur à 600 millions d’euros par an, un flux de trésorerie disponible supérieur à 400 millions, et une réduction de plus de moitié de la dette”.