«Réduire les coûts de transfert d’argent des migrants et optimiser leur impact sur le développement». C’était le thème d’un séminaire organisé mardi 21 février 2012 à Bercy (France), siège du ministère français de l’Économie et des Finances, ayant regroupé quelque deux cent représentants du secteur, dont un tiers sont venus du Maghreb et de la Zone Franc.
Selon le site www.econostrum.info la réduction des coûts de transfert d’argent des migrants est un enjeu de taille, car ils se sont élevés à 245 milliards d’euros dans le monde en 2011, soit plus du double que l’aide mondiale au développement et, dans une vingtaine de pays, ils atteignent plus de 10% du PIB.
Selon les prévisions, les transferts atteindront le niveau de 400 milliards d’euros en 2014. Dans les pays de réception, dont la Tunisie, les transferts sont utilisés pour la consommation courante, à savoir la nourriture, l’accès au soin… mais aussi pour réaliser des investissements. Les transferts contribuent ainsi à ce que les experts du G20 qualifient de finance inclusive, indique le sitee.
Le cas de l’Afrique
Selon les statistiques officielles, notre continent a reçu 30 milliards d’euros en 2010. Le vice-président de la Banque africaine de Développement (BAD), Kamal Elkheshen, pense que «le montant réel des fonds est beaucoup plus important du fait de l’économie informelle et de la circulation d’argent dans les valises». Ainsi, les transferts représenteraient la deuxième source de recettes du continent et jouent un rôle contra-cyclique désormais attesté. «Les transferts émis par les migrants vers leur pays d’origine augmentent en période de difficultés économiques ou politiques», ajoute-t-il.
Présent également à cette conférence, Driss Farés, secrétaire général de l’Union des Banques Maghrébines (UBM), a indiqué, toujours selon la même source, que «au Maroc, la vitesse de croisière des transferts représente 7 milliards de dollars par an. Et encore faut-il remarquer qu’il s’agit là d’une épargne défiscalisée, prélevée sur les économies riches».
De plus, dans le calcul des transferts des migrants, les statistiques n’intègrent pas les billets de banque touristiques. «Enfin, les statistiques ne mesurent pas les envois de fonds des Français d’origine maghrébine, puisqu’ils ne sont pas des migrants, et la difficulté de quantifier les transferts en provenance d’Allemagne est tout aussi grande, puisque la double nationalité y est interdite», ajoute-t-il.
Ramener les coûts à 5% des sommes transférées
Toujours d’après la même source, les chiffres officiels ne traduisent que partiellement l’importance considérable des flux. Reste que les flux «formels» ont un coût considéré trop élevé –jusqu’à 10, voire 15 euros pour 100 euros envoyés– et que le Sommet du G20 de novembre 2011, tenu à Cannes sous la présidence française, s’est engagé à faire réduire de moitié ou plus le coût (soit à 5% de la somme envoyée) d’ici à 2014, ce qui générerait un surplus de disponibilité au bénéfice des pays récipiendaires.
Le séminaire organisé à Bercy s’appuyait sur une étude commanditée par la Banque africaine de développement et l’Agence française de développement. Réalisée par l’association «Épargne sans frontière», l’étude présente des recommandations visant à réduire les coûts des transferts et à renforcer leur impact sur le développement des pays récipiendaires.
L’examen de ces recommandations pourrait être inscrit à l’ordre du jour de la réunion des ministres des Finances de la zone Franc, en avril 2012, tandis que les ateliers de clôture de ces travaux sont d’ores et déjà programmés à l’automne 2012.