La microfinance comme piste privilégiée de lutte contre le chômage. Cela a marché en France et dans nombre d’autres pays, pourquoi pas en Tunisie? En l’espace de 5 ans, Jacques Attali et son groupe «PlaNet Finance» ont participé à la création de 1.000 entreprises dans 12 banlieues françaises: «Nous ambitionnons de couvrir 20 banlieues d’ici la fin de l’année», déclare, non sans fierté, le président du Groupe.
Jacques Attali se déclare disposé à s’installer en Tunisie. Il a d’ores et déjà participé à l’appel d’offres pour l’implantation d’une institution de micro-finance. «Nous amènerons tous les financements, nous assurerons l’accompagnement des entrepreneurs depuis l’idée du projet jusqu’à son démarrage. L’ONG Enda-interarabe pourrait être l’un de nos partenaires, nous pourrons également financer des projets qu’elle parraine».
M. Attali affirme avoir refusé de s’implanter en Tunisie sous l’ère Ben Ali. «Je ne pouvais tolérer de m’installer dans un pays où la dictature s’exprimait dans toute sa splendeur. Aujourd’hui, nous espérons que les choses évolueront positivement. La perspective de voir un Etat de droit en Tunisie qui veillera au respect des règles de la loi, de la transparence et une meilleure gouvernance serait encourageante pour un groupe comme le nôtre».
Mais tout n’est pas simple, au delà du cadre réglementaire de la micro-finance que Jalloul Ayed, ancien ministre des Finance, a tenu à réformer, il faudrait prendre en considération les différentes contraintes du moment et s’assurer avant tout de la stabilité sociale et l’Etat de droit: «Tant que ces deux conditions ne seront pas mises en place afin de permettre à cet outil de jouer pleinement son rôle comme outil de financement et de développement, on ne pourra pas avancer».
Le succès de la transition démocratique est tributaire de celui de la transition économique. La micro-finance figure parmi les instruments qui ont bien marché au Maroc, au Sénégal et au Ghana. «Le Ghana, dont le taux de croissance a atteint les 13% après s’être maintenu pendant des années à 5%. A la base, c’est grâce à la stabilité de la règle de droit, clé de tout processus démocratique et essor économique».
La Tunisie a plus que jamais besoin d’un gouvernement fort qui arrive à apaiser, rassurer et sécuriser la classe moyenne en veillant à ne pas tomber dans le populisme. La Constitution est seule garante de rassurer les acteurs locaux et internationaux, car c’est elle qui reflètera au mieux les orientations du pays en matière de droits économiques et sociaux et de préservation des droits de l’homme. «En un mot qui rend prévisible l’Etat de droit». Il n’y a que le cadre constitutionnel qui puisse le garantir.
Le rôle d’une Constitution est de servir de fondement à l’Etat et au pouvoir politique. Cette loi suprême déterminant les attributions du pouvoir permet de déterminer la nature le type du régime qui doit être mis en place. La Tunisie peine à ce jour à démarrer la rédaction de la Constitution de la deuxième République, ce qui n’est certes pas rassurant pour les nationaux et l’est encore moins pour ses partenaires étrangers. La Troïka excelle dans le flou artistique concernant les principales orientations de la nouvelle Constitution du pays. La Constitution sert à établir l’Etat, qui a tout loisir de faire de cette Loi fondamentale un moyen de légitimer son pouvoir politique. Si l’Etat est mis au service d’un parti, bonjour la nouvelle dictature et non la nouvelle République.
La Tunisie a besoin d’hommes forts qui s’assoient autour d’une table et réfléchissent une vision commune de ce qu’elle doit être. Un pays respectueux des Droits de l’Homme et des valeurs universelles et surtout soucieux d’assurer un minimum de bien-être à une population qui attend aujourd’hui qu’on édifie une Tunisie meilleure qui leur assure un minimum de dignité, par le travail et les respect des droits humains.
La micro-finance peut être un vecteur de bien-être s’il permet aux zones défavorisées de sortir de l’ornière de la pauvreté en leur offrant les moyens financiers et l’encadrement nécessaire pour mener à bien leurs projets et ceci sans distinction aucune, que les demandeurs soient diplômés ou non.
300 associations de microcrédits existent aujourd’hui en Tunisie. L’ancien gouvernement avait prévu un programme pour la création d’une association professionnelle et la diversification des sources de financement des IMF (Institutions de microfinance). Le nouveau gouvernement continuera-il sur cette lancée ou effacera-t-il et refera-t-il tout de nouveau comme de tradition dans notre pays?
PlaNet Finance, actif dans 80 pays, envisage de s’implantée en Tunisie, d’appuyer l’agro-business et le commerce équitable.
S’il gagne l’appel d’offres, les prêts qu’il accorderait aux clients potentiels pourraient atteindre le plafond de 40 mille dinars. Alors que la microfinance en Tunisie se limitait aux activités de microcrédit livrées uniquement aux associations tunisiennes. Les montants des prêts étaient plafonnés à 5.000 dinars tunisiens.
A rappeler que l’Union européenne a accordé au début de l’année un don de 5,5 millions d’euros à la Tunisie pour le développement de réseaux de distribution de services de microfinance à renforcer dans 14 gouvernorats défavorisés, et l’amélioration de l’environnement de la microfinance sur tout le territoire national.