ésident de la Commission européenne Jose Manuel Barroso, le 30 janvier 2011 à Bruxelles (Photo : John Thys) |
[28/02/2012 17:58:25] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a rappelé mardi au gouvernement conservateur espagnol son engagement à réduire le déficit public de l’Espagne à 3% du PIB en 2013 et a exclu toute souplesse malgré les difficultés.
“Le gouvernement espagnol a pris l’engagement auprès de la Commission et de ses seize partenaires de la zone euro de réduire le déficit public à 3% du PIB en 2013”, a rappelé Olivier Bailly, porte-parole en exercice de la Commission.
“Nous n’avons jamais assoupli les règles fixées pour atteindre les objectifs fixés”, a-t-il ajouté.
Le gouvernement dirigé par le conservateur Mariano Rajoy ne peut donc espérer aucune concession de la part de la Commission.
“Les autorités espagnoles doivent nous présenter dans les semaines à venir un projet de budget pour 2012”, a souligné son porte-parole.
“Il appartient aux autorités espagnoles de décider ce qu’elles souhaitent voir figurer dans ce budget” pour réduire le déficit public, a-t-il insisté.
“Nous savons que les deux objectifs de déficit à 4,4% du PIB en 2012 et 3% en 2013 vont être difficiles à réaliser pour l’économie espagnole, pour le gouvernement espagnol et pour les Espagnols eux-mêmes”, a-t-il admis. “Mais il y a des règles et elles doivent être respectées”, a-t-il martelé.
Le ministre du Budget Cristobal Montoro a annoncé lundi soir un dérapage du déficit public de l’Espagne à 8,51% du PIB en 2011, très supérieur à l’objectif officiel de 6%.
Il a refusé de dire si l’Espagne cherche à négocier un nouvel objectif de déficit pour 2012, tout en notant que “les scénarios sont différents” par rapport à l’époque où les prévisions avaient été établies.
La Commission attend des autorités espagnoles la notification officielle de ces données et surtout “des explications pour comprendre où sont les difficultés”, a averti Olivier Bailly.
Un bras de fer est engagé entre l’exécutif bruxellois et le gouvernement espagnol, car “Mariano Rajoy veut revenir du sommet européen organisé jeudi et vendredi à Bruxelles avec un nouvel objectif de déficit pour 2012”, a confié une source européenne.
Les services de M. Rajoy ont assuré mardi au quotidien El Pais avoir engagé des négociations en ce sens avec la Commission, mais cette information a été démentie à l’AFP.
La volonté de M. Rajoy de mettre le sujet sur la table lors du sommet européen est jugée dangereuse, car personne ne pourra accepter de faire un geste en faveur de l’Espagne alors que la Belgique a été contrainte de faire plus d’efforts pour réduire sa dette, que la Hongrie risque d’être privée d’une substantielle partie des fonds de cohésion pour cause de déficit excessif et que la Grèce vient d’approuver un plan d’austérité drastique, a souligné cette source.
Un assouplissement des objectifs de réduction du déficit doit être approuvé à l’unanimité des 27 Etats, rappelle-t-on Bruxelles.
La Commission reconnaît que ramener un déficit de 8,5% du PIB à 4,4% en un an pose de vraie questions, mais “la flexibilité n’est pas l’issue”, a insiste son porte-parole.
Olivier Bailly a souligné la nécessité d’un retour rapide à la croissance et le besoin pour les membres de l’UE de trouver des “solutions nouvelles”, car “on ne peut plus suivre le modèle fondé sur la dette publique”.
“Il est évident qu’un déficit budgétaire élevé rend très difficile une relance de la croissance par des mesures budgétaires”, a-t-il expliqué.
Cette situation plaide pour des réformes structurelles et pour l’exploitation de nouvelles sources de croissance, a-t-il poursuivi.
La Commission européenne a soumis de nombreuses propositions aux Etats et son président “José Manuel Barroso va insister au cours du sommet des dirigeants de l’UE jeudi et vendredi à Bruxelles sur la nécessité de prendre des décisions et de mettre en oeuvre ce qui a été décidé”, a insisté Olivier Bailly. Il a notamment cité les “projects bonds” (emprunts européens orientés vers des projets, ndlr) pour co-financer des grands projets d’infrastructures dans les secteurs de l’énergie et des télécommunications.