Ces chômeurs qui tentent de monter leur petite entreprise bien au chaud

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Une femme en formation pratique dans un salon de coiffure (Photo : Denis Charlet)

[29/02/2012 08:53:20] PARIS (AFP) Chômeurs, ils rêvent de monter leur business de transport express, d’esthétique ou de nettoyage. Pour y parvenir, ils ont choisi d’intégrer une couveuse d’entreprises, une structure bien douillette pour monter son projet et apprendre le dur métier de chef d’entreprise.

En 2005, l’agence web dans laquelle travaillait Philippe Bonnaves dépose le bilan. Il a 40 ans, deux enfants. Il rêve alors de monter un ciné-club en ligne, “exigeant et cinéphile”. Pour cela, il intègre la couveuse Adil à Paris.

“Beaucoup de gens qui viennent chez nous ont exploré en vain des pistes de recherche d’emploi et la couveuse leur permet d’essayer de sortir de cette précarité”, explique Abdoulaye Traoré, chef de projet à la couveuse Interface de Marseille.

Comment ? En créant “son propre emploi”, explique M. Traoré. Les demandeurs d’emploi arrivent avec une idée. En couveuse, ils l’affinent, la testent tout en continuant à toucher leurs allocations chômage.

Avec l’auto-entreprise, n’importe qui peut disposer en deux clics, d’un numéro Siret (Système d’Identification du Répertoire des ETablissements). Mais “le métier de chef d’entreprise n’est pas inné”, insiste M. Traoré.

C’est pourquoi Philippe a dû voir (ou revoir) ses classiques et suivre à l’Adil des formations marketing, comptabilité. Car un patron doit savoir gérer les lignes de comptes et autres flux de trésorerie.

Il a également bénéficié d’un “coach” commercial qui l’a confronté à des situations “très concrètes comme la simulation de vente au téléphone”.

Car aller chercher des clients est incontestablement la chose la plus difficile. “Soit ils sont trop timides, soit ils ont peur d’affronter la clientèle, d’essuyer des revers”, détaille M. Traoré.

Ils font des affaires entre eux

Et les difficultés sont accrues lorsqu’on est toujours officiellement au chômage. “Le plus dur c’est de confronter son projet au regard des autres alors qu’on est dans des moments de doutes”, relève Philippe.

D’ailleurs, assez vite, le quadragénaire a dû l’admettre: “ma passion était en décalage par rapport à un projet professionnel crédible”. Exit donc le ciné-club, Philippe commence à créer des sites internet.

Ses premiers clients ont justement été des “couvés” qui avaient besoin d’une vitrine en ligne pour développer leur activité. Et pour Philippe, c’est le point fort des couveuses: pouvoir tisser un réseau de créateurs d’entreprises, échanger, commercer.

C’est ainsi que les choses se font aussi à la couveuse Interface à Marseille. Remy Bianeis, qui a créé son institut de massage bien-être, s’est entouré des talents de la couveuse pour développer sa prospère petite entreprise ReM’Relax.

C’est Bruno Dumontet qui a fait son site via son agence web Escale communication, Daniel Tchiboukerian (SMS Mobidif) se charge de l’envoi de SMS promotionnels. A l’inverse, certains “couvés” sont devenus des fidèles de ses massages.

Remy vit aujourd’hui de cette activité, avec des rentrées d’argent bien supérieures à celles qu’il touchait au service après-vente de France Télécom. Philippe également se verse “le salaire d’un cadre moyen” grâce à Moon Seven.

Mais tous n’en sont pas là. En 2011, 61% des entrepreneurs à l’essai sortant de la couveuse Interface ont créé leur entreprise, 15% ont retrouvé un emploi (au moins un CDD de six mois) et 19% ont abandonné leur projet.

Ceux qui s’immatriculent ne sont pas pour autant sortis d’affaire puisqu’il faut en moyenne trois ans pour pouvoir tirer un revenu convenable de son entreprise, soulignent tous les spécialistes de la création.

Alors ce qui fait la différence, c’est “la motivation”, insiste M. Traoré et “l’envie d’en découdre”.