Bouygues Telecom à l’affût de Free, qui lui a ravi 134.000 clients en un mois

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Logo de Bouygues Telecom (Photo : Eric Piermont)

[29/02/2012 13:59:26] PARIS (AFP) L’opérateur Bouygues Telecom, qui a perdu 134.000 clients à mi-février au profit de Free Mobile dont l’offre a été commercialisée le 10 janvier, a décidé de jouer les observateurs après l’arrivée “tonitruante” de ce quatrième opérateur, attentif à toute distorsion de concurrence.

Entre le 31 décembre 2011 et le 15 février 2012, le portefeuille de téléphonie mobile s’est contracté de 159.000 clients en variation nette, dont 134.000 ont demandé le portage de leur numéro vers Free, a indiqué Olivier Roussat, directeur général de Bouygues Telecom, lors d’une conférence de presse consacrée aux résultats annuels du groupe Bouygues, sa maison mère.

Bouygues Telecom, troisième opérateur français en part de marché, comptait 11,30 millions de clients en téléphonie mobile au 31 décembre 2011.

Le premier opérateur, France Télécom avait levé le voile le 22 février: au 15 février, il avait perdu 201.000 abonnés par rapport au 31 décembre 2011, dont 40% au profit de Free. L’opérateur Orange comptait plus de 27 millions d’abonnés en France à fin 2011.

Seul SFR (deuxième sur le podium) n’a pas encore divulgué ses chiffres mais son propriétaire Vivendi publie ses résultats annuels jeudi, l’occasion peut-être de faire le point.

L’arrivée de Free a généré une “forte agitation commerciale”, a reconnu M. Roussat.

Pour Martin Bouygues, PDG du groupe diversifié dans le BTP, l’immobilier, les médias et les télécoms, “ça a été un peu tonitruant, peut-être un peu excessif, un poil vulgaire”.

Free “fait le coucou sur le réseau d’Orange”

Il n’a pas remis en question les conclusions de l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) qui a réaffirmé mardi que Free respectait ses obligations de couverture de la population française, après de nouvelles vérifications menées après des semaines de polémiques.

Free Mobile s’est engagé à couvrir 27% de la population avec son propre réseau à son lancement et a signé un contrat d’itinérance avec Orange pour couvrir les trois quarts restants. Mais les autres opérateurs affirmaient que Free ne respectait pas cette obligation de couverture.

Free “fait le coucou sur le réseau d’Orange en grande partie”, a estimé M. Bouygues, soulignant que le patron de France Télécom/Orange “Stéphane Richard (a dit) que c’est 95% du trafic qui est écoulé sur le réseau d’Orange”.

“Pour le moment, l’offre de Free est très forte mais elle n’est en aucun cas le reflet de ses coûts de production. Elle n’est en aucun cas le reflet d’un gain de productivité qu’aurait inventé Free par une martingale quelconque”, a poursuivi M. Bouygues. “Pour le moment, c’est un moyen pour préempter un parc de clientèle, point barre”.

Il a prévenu que s’il y avait distorsion de concurrence parce que les obligations d’investissements “ne sont pas les mêmes pour tous les opérateurs, ce serait extrêmement grave et préjudiciable”.

Cela génèrerait “probablement des discussions qui échapperaient au simple cadre de l’Arcep. Pour le moment, on n’en est pas là”, a-t-il relevé, rejetant toute éventualité de procédure devant les instances européennes.

“Ils démarrent, observons”, a-t-il tempéré, estimant qu’il ne serait pas “tout à fait anormal” que le contrat d’itinérance entre Orange et Free soit connu des deux autres concurrents.

Orange et Free “peuvent s’arranger et fabriquer des offres en parfaite coordination alors que les deux autres n’ont pas l’information. Ce me paraît poser un premier problème”, a-t-il relevé.

Mais pas question non plus de saisir l’Autorité de la concurrence en France.

“Elle a le droit de se saisir. (…) On verra bien”, a-t-il lancé, comme un appel du pied.