Depuis le 24 février, l’euro continue de traiter au-dessus de la barre psychologique des deux dinars sur le marché interbancaire. La nouvelle se produit après que la BCT a laissé entrevoir des prémices d’amélioration de la situation économique. Il faut dire que les Tunisiens sont particulièrement attentifs au cours du dinar et que depuis le Plan d’ajustement structurel (PAS), tous voient d’un mauvais œil le repli de leur monnaie d’autant que l’on n’arrête pas de les prévenir que les réserves de change se rétractent. Avec un encours de 10.136 MDT, le pays n’est qu’à 107 jours d’importation.
Interbancaire et fixing BCT
Le franchissement de la barre des deux dinars s’est déjà produit une année auparavant soit au mois de septembre 2010. Mais c’était un épisode de très courte durée et vite fait le dinar a repris ses repères. Ça n’a eu, à l’époque, aucune conséquence sur le système. A l’heure actuelle, l’euro repasse au-dessus des deux dinars sur le marché interbancaire. Cela dure depuis 4 jours consécutifs puisque la barre a été passée le 24 février. Ce qu’il faut rappeler, c’est que le cours en question est celui du marché interbancaire, c’est-à-dire ce compartiment du marché des devises où les banques s’échangent entre elles. Le fixing de la Banque centrale, qui est le cours de référence, reste en deçà, soit 1,9985 dinar.
Ces épisodes sur l’interbancaire pourraient n’avoir qu’une incidence ponctuelle. En ce moment la demande sur l’euro est plus importante que l’offre. Le creusement de notre déficit commercial suffit à l’expliquer, soutiennent les cambistes des salles de marché les plus actives sur l’euro. Nous avons même diversifié nos sources, et Mehdi Ben Jaafar, de Citi confirme cette opinion en rappelant que le fixing BCT reste en retrait du palier de deux dinars.
Un cours en retrait sur «euro – dollar US»
Toutefois, dans la circonstance présente, le dinar se déprécie également par rapport au dollar américain. Habituellement quand le dinar se dépréciait par rapport à l’euro, il compensait aussitôt en s’appréciant par rapport au dollar, et d’ailleurs le marché anticipait systématiquement cette oscillation. Les banquiers avaient tendance à basculer leurs positions au moindre mouvement d’amplitude significative. Leurs pertes sur l’une des devises étaient récupérées de manière presque instantanée sur l’autre. Sauf qu’en ce moment, le dinar faiblit sur les deux devises.
Une tendance programmée
Les cambistes soutiennent que la gestion du dinar sur les quinze dernières années a eu pour constante de replier le dinar d’environ 2,5 à 3% par an. Ils considèrent que les autorités monétaires répercutent, de manière systématique, notre excédent d’inflation sur le cours du dinar. La situation actuelle est donc prévisible. On peut l’observer sur le trend suivant:
Le dinar pers du terrain sur les deux principales devises du panier de sa cotation et ne profite plus du rééquilibrage entre l’euro et le dollar. L’ennui dans tout cela est que les cours 3 et à 6 mois abondent dans ce sens et cotent un euro toujours à plus de deux dinars.
Quand bien même la tendance était prévisible, un dinar qui pique du nez c’est une petite tension inflationniste supplémentaire et fatalement plus de pression sur le budget, car les importations vont renchérir, à due concurrence.