à Paris le 25 février 2012 (Photo : Lionel Bonaventure) |
[02/03/2012 18:12:07] PARIS (AFP) Le groupe Bongrain, connu pour ses marques Caprice des dieux ou Elle et Vire, est tombé d’accord avec ses producteurs de lait sur les contrats qui régiront leurs relations, isolant un peu plus le géant Lactalis où les négociations sont en panne.
Bongrain et ses producteurs ont signé, vendredi lors du Salon de l’Agriculture, un protocole d’accord sur les contrats commerciaux qui lieront les deux parties alors que les professionnels s’attendent à de grandes secousses sur le marché du lait avec la fin des quotas en 2015.
En revanche, la situation s’est dégradée côté Lactalis: la Basse-Normandie, les Pays de la Loire et l’Aquitaine ont annoncé vendredi la suspension de négociations visant à soutenir des investissements industriels du géant laitier.
Dans un communiqué commun, ces trois grandes régions laitières évoquent “des zones d’ombres” dans les intentions de Lactalis ainsi qu’un “durcissement” dans les discussions entre le groupe et les organisations professionnelles agricoles sur les contrats-cadres.
Ces contrats sont prévus dans la loi de modernisation de l’agriculture de juillet 2010. L’objectif est de sécuriser les revenus des agriculteurs, ébranlés en 2009 et 2010 par des crises à répétition en raison d’une baisse des prix du lait.
Commencées en octobre 2011, les discussions entre Bongrain et ses producteurs se sont en revanche déroulées dans un “climat constructif”, ont souligné les deux parties vendredi.
Bongrain mise sur une entrée en vigueur de ce nouveau contrat à partir du 1er mai.
Les discussions ont permis une évolution des contrats, souligne-t-on de part et d’autre. Initialement prévue pour 5 ans, la durée des contrats sera finalement de 7 ans avec un renouvellement par période de 5 ans, a précisé Daniel Chevreul, directeur des approvisionnements lait Bongrain.
Point important et innovant, ce dispositif reconnaît un rôle de négociations aux organisations de producteurs.
Bel toujours en discussions
De leur côté, les producteurs s’engagent sur des plans de production trimestriels pour assurer de “la visibilité” dans les approvisionnements de Bongrain, a déclaré Christophe Tinnière, représentant des éleveurs.
Ces contrats “préparent la fin des quotas laitiers”, s’est félicité Robert Brzusczak, vice-président de Bongrain. “Il est très important qu’industriels et producteurs gèrent ces volumes”, a-t-il ajouté.
Mis en oeuvre en 1984, les quotas laitiers ont permis de restreindre la surproduction laitière pour l’adapter à la demande. Avec la fin des quotas, chacun est dans les starting-blocks pour recommencer à produire.
Pour Lactalis, la pression s’accroît alors que d’autres grands groupes comme Danone et Senoble ont eux bouclé le dossier avec leurs producteurs ou sont en voie de le faire.
Lactalis refuse de passer par les organisations de producteurs et veut signer un contrat directement avec chaque éleveur.
La société a mis ses fournisseurs au pied du mur en les enjoignant à signer un contrat avant le 31 mars, ce que refusent les organisations de producteurs.
Ces dernières, qui tentent de relancer les négociations affirment avoir reçu le soutien du médiateur du ministère de l’Agriculture, et appellent à ne pas signer ces contrats.
Un autre groupe, Bel (la Vache qui rit, notamment), est en cours de négociations avec ses producteurs sur la base d’un contrat à deux échelons (cadre et application).
Détenu à 24% par le groupe Lactalis, Bel n’a pas rompu les négociations, souligne-t-on à la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), branche spécialisée de la FNSEA. Une réunion est prévue le 7 mars entre les producteurs et la direction de Bel.