La Chine en 2012 : moins de croissance et plus de “stabilité” sociale

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ée nationale populaire à Pékin, le 5 mars 2012 (Photo : Liu Jin)

[05/03/2012 07:28:03] PEKIN (AFP) Croissance réduite, stabilité sociale dans les campagnes et efforts militaires : le Premier ministre chinois Wen Jiabao a tracé le cap devant le parlement cette année pour une Chine confrontée aux difficultés économiques mondiales, aux révoltes de ses paysans et aux rivalités en Asie.

Lors de son traditionnel discours de politique générale devant l’Assemblée nationale populaire réunie au grand complet dans le décor imposant du Palais du peuple à Pékin, Wen Jiabao a esquissé pendant près de deux heures les défis à relever pour une Chine où se profile l’arrivée de nouveaux dirigeants.

Prenant en compte la crise persistante en Europe et la timidité de la reprise aux Etats-Unis, ses deux plus gros partenaires, la deuxième puissance économique mondiale a réduit cette année son objectif de croissance à 7,5%, contre 8% l’an dernier, a annoncé le Premier ministre.

L’époque est révolue où la Chine pouvait enregistrer, comme en 2010 (10,4%) des taux de croissance de son Produit intérieur brut à deux chiffres. Après un tassement à 9,2% l’an dernier, la croissance devrait enregister en 2012 un ralentissement durable et se situer, selon les économistes, aux alentours de 8 à 8,5%, les objectifs gouvernementaux étant régulièrement dépassés.

Devant quelque 3.000 délégués attentifs, certains en tenue militaire ou en costumes ethniques, M. Wen a confirmé la volonté de Pékin de relancer des réformes économiques, qui, selon nombre d’observateurs, stagnent depuis deux ou trois ans, notamment en limitant le poids, toujours énorme, du secteur d’Etat.

La Chine souhaite “briser les monopoles” et “encourager les capitaux privés à entrer dans les chemins de fer, les municipalités, la finance, l’énergie, les télécommunications, l’enseignement et les soins médicaux”, a dit le chef du gouvernement, au diapason des dernières recommandations de la Banque mondiale.

L’inflation, même si elle a reculé, sera suivie de près et Wen Jiabao a annoncé le même objectif que l’an dernier : 4% pour 2012, après un taux réel de 5,4% l’an passé.

A l’approche du congrès du Parti communiste qui entérinera en octobre l’arrivée des dirigeants de ce pays de 1,35 milliard d’habitants pour les dix prochaines années, le Premier ministre a souligné l’importance du maintien de la paix sociale, notamment dans les campagnes secouées par des révoltes contre les expropriations de terres abusives.

“Le droit des paysans à la terre sur laquelle ils travaillent contractuellement, sur laquelle leur maison est construite (…) sont des droits de propriété conférés par la loi et personne ne peut violer ces droits”, a-t-il dit.

M. Wen a tenu ces propos au lendemain de l’élection, singulière car démocratique, d’un comité municipal dans le village rebelle de Wukan (sud), où les habitants avaient chassé les cadres locaux corrompus qui saisissaient depuis des années leurs terres pour les revendre à des promoteurs.

“Nous allons travailler avec diligence pour déterminer, enregistrer et certifier la propriété de la terre”, a ajouté le Premier ministre.

Il a aussi promis une gouvernance “propre” et “de sévères punitions pour les (cadres) corrompus”.

Au sujet du fossé grandissant entres riches et pauvres qui passe de plus en plus mal auprès de la population, M. Wen a assuré que Pékin allait “rapidement renverser la tendance de l’écart croissant de revenus”.

Sur le plan militaire, la Chine va cette année accélérer la modernisation de son armée – la plus grande du monde en terme d’effectifs – a-t-il dit au lendemain de l’annonce d’une hausse à deux chiffres (11,2%) du budget de la Défense.

“Nous allons renforcer les capacités des forces armées à accomplir toute une série de tâches militaires, dont la plus importante est de gagner des guerres locales en faisant appel aux technologies de l’information”, a dit le Premier ministre.

Des déclarations susceptibles de renforcer l’inquiétude des Etats-Unis, qui ont annoncé fin 2011 leur “retour” en Asie-pacifique. De même que des voisins de la Chine qui s’inquiètent des ambitions territoriales de Pékin avec la hausse des conflits de souveraineté maritime.