ée par la ville du Mans, le 02 mars 2009 (Photo : Jean-Francois Monier) |
[05/03/2012 08:09:25] PARIS (AFP) Véhicules utilitaires, bancs d’écoliers, pédalos, camions de pompiers: à la recherche de sources de revenus, les collectivités locales sont de plus en plus nombreuses, sur internet, à vendre aux enchères le matériel qu’elles n’utilisent plus.
“Avant, on stockait notre équipement dans un coin en se disant: +ça peut toujours servir+. Mais au final, les objets rouillaient et vieillissaient. Et le coût de stockage était loin d’être négligeable”, raconte le maire du Mans, Jean-Claude Boulard (PS).
En 2009, la capitale de la Sarthe a innové, en se lançant dans les enchères en ligne sur une plate-forme spécialisée. “En trois ans, nous avons vendu pour 200.000 euros de matériel”, se félicite l’élu. “Par rapport au budget de la ville, ça peu sembler négligeable, mais c’est toujours ça de pris.”
Grosses villes, petites communes, régions, départements, établissements publics… “Les collectivités sont de plus en plus soucieuses du devenir de leur matériel, mais aussi de l’état de leurs finances”, constate Thierry Le Scao, responsable du site spécialisé webencheres.com.
“Il y a un changement de mentalité, lié à la crise”, acquiesce David Riahi, du site concurrent AgoraStore.fr: “Beaucoup de collectivités sont préoccupées par leur niveau d’endettement. Or les enchères permettent de diversifier les sources de financement.”
Les acheteurs – particuliers, entreprises ou collectivités – y trouvent aussi leur compte. “Les objets mis en vente sont du matériel professionnel, entretenu par des professionnels”, souligne Thierry Le Scao. “Ce sont des objets variés, qu’on ne trouve pas ailleurs”, complète David Riahi.
Pierres tombales et os de baleine
Lampadaires, tondeuses, bouées d’amarrage, costumes d’opéra… Les enchères des collectivités, de fait, s’apparentent souvent à de vastes vide-greniers. “On vend beaucoup de véhicules et de mobilier. Mais il y a aussi des objets plus rares”, s’amuse Jean-Claude Boulard.
Un skatepark du Conseil général de l’Isère s’est ainsi récemment vendu, en plusieurs modules, pour près de 3.500 euros. Une “motocrotte”, proposée par la ville de Tours, a trouvé preneur à 640 euros. Et un os de baleine, appartenant à une commune du Morbihan, s’est adjugé à 350 euros.
“Nous avons aussi régulièrement des stèles funéraires issues de concessions arrivées à terme”, ajoute David Riahi. “Cela permet à ceux qui ont peu de moyens d’offrir une sépulture à leur défunt”, explique cet ancien d’HEC, qui met en avant la “dimension sociale et solidaire” des enchères.
En 2011, Angers s’est ainsi séparée d’une série d’entrepôts, d’une surface de 7.000 mètres carrés, destinés au stockage frigorifique. L’acheteur, une société belge, a prévu de remonter les bâtiments au Nigéria, au Burkina Faso et au Ghana.
“Les entrepôts se sont vendus à 15.300 euros. Mais le client a pris en charge le démontage du bâtiment, ce qui nous a fait économiser quelque 200.000 euros. Au final, tout le monde y a gagné”, se réjouit Hubert Dugas, responsable des achats de la ville.
“Internet a changé la donne”, résume Sandra Moragues, directrice des finances de Vauréal (Val-d’Oise), qui a mis aux enchères mi-février une série de véhicules utilitaires et de matériel de projection, après une première vente en ligne réussie au mois de décembre.
“Les enchères en ligne permettent de toucher un grand public, de façon transparente. A la différence du bouche à oreille, on n’a aucune maîtrise sur qui achète quoi: il n’y a donc pas de suspicion”, conclut la jeune femme.