Au salon Cebit de Hanovre, le “nuage informatique” fait encore peur

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Des visiteurs au salon Cebit de Hanovre, le 5 mars 2012 (Photo : Odd Andersen)

[05/03/2012 14:13:35] BERLIN (AFP) La chancelière Angela Merkel et la présidente du Brésil Dilma Rousseff inaugurent lundi le salon des technologies de l’information et de la communication de Hanovre (Cebit), dominé par les enjeux de sécurité autour du “cloud computing”, l’informatique dématérialisée.

Avant la cérémonie officielle en début de soirée, les professionnels allemands du secteur ont affiché un optimisme sans faille.

Le marché allemand de l’électronique grand public, des télécommunications et des technologies de l’information devrait cette année progresser de 1,6% pour atteindre 151 milliards d’euros, a indiqué la fédération du secteur, Bitkom.

“La crise de la dette en Europe ne touche pas jusqu’ici le marché allemand. Les carnets de commandes des entreprises sont bien remplis”, a déclaré lors d’une conférence de presse Dieter Kempf, président de la fédération.

Cette bonne santé se ressent sur la fréquentation du Cebit, axé surtout sur les relations entre professionnels, et moins grand public que les CES de Las Vegas et autres Mobile World Congress de Barcelone.

Les organisateurs attendent une progression de 2% du nombre d’exposants, à 4.200 au total, pour l’édition 2012, qui se tient jusqu’au 10 mars.

Cette édition sera placée sous le signe du “cloud computing” ou informatique dématérialisée, avec un accent particulier sur la sécurité des données privées ou professionnelles gérées via cette technologie.

L’informatique en nuage consiste à travailler avec des données et logiciels confiés à l’internet, et non stockés sur l’ordinateur familial ou le serveur de l’entreprise.

Ce marché à la croissance exponentielle devrait cette année dépasser pour la première fois un volume de 100 milliards de dollars, selon la société d’études spécialisée Gartner.

L’enjeu pour les prestataires de ce type de services est de lever les craintes que suscite encore cette informatique complètement virtuelle, surtout chez les particuliers, et les petites et moyennes entreprises.

Le patron de l’opérateur allemand de télécommunications Deutsche Telekom, René Obermann, table, lui, sur une stratégie toute particulière pour rassurer: “nationaliser” le nuage, en clair offrir de stocker les données sensibles sur des serveurs situés en Allemagne, et donc soumis à une législation très stricte.

“Le +nuage allemand+ est pour nous un facteur de compétitivité”, a dit M. Obermann lors d’une conférence de presse.

Le Cebit est aussi l’occasion pour les professionnels d’interpeller les pouvoirs publics, ce que le président du Bitkom ne s’est pas privé de faire à propos de l’accord Acta.

Négocié entre l’Union européenne, les Etats-Unis, le Japon, le Canada, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, Singapour, la Corée du Sud, le Maroc, le Mexique et la Suisse, Acta vise à lutter contre la contrefaçon au sens large, des médicaments jusqu’au téléchargement illégal sur internet.

Plusieurs pays européens contestent le texte et en ont bloqué la ratification dans l’attente de clarifications. Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes pour le dénoncer.

“Les mesures contre la piraterie sur internet doivent être proportionnées et ne doivent pas mettre en danger la liberté d’information”, a estimé M. Kempf, condamnant des “négociations menées derrière des portes fermées” et un résultat “tiré du chapeau”.

Le pays invité du Cebit cette année est le Brésil, présenté par les organisateurs comme un “champion caché” du monde des hautes technologies. De grands noms de l’économie tels que le constructeur aéronautique Embraer, Stefanini (services informatiques) et Telebras (télécoms) sont annoncés.

C’est la première fois qu’un pays d’Amérique latine est invité officiel à Hanovre.