élos Vénizélos et son homologue allemand Wolfgang Schauble à Bruxelles le 1er mars 2012 (Photo : Georges Gobet) |
[06/03/2012 20:32:36] ATHENES (AFP) La Grèce a annoncé mardi qu’elle envisageait de se défausser sur ce qu’elle doit à certains de ses créanciers privés qui refuseraient de participer à l’opération d’effacement d’une partie de sa dette.
“Le programme économique grec n’envisage pas la mise à disposition de fonds pour rembourser les créditeurs du secteur privé qui refusent de participer” à l’opération de restructuration, désignée sous l’acronyme de PSI, a indiqué dans un communiqué l’Agence grecque de gestion de la dette publique (PDMA).
Le texte reprend les détails d’une présentation faite lundi à des investisseurs allemands par le directeur général de la PDMA, Petros Christodoulou.
La menace s’adresse pour l’essentiel aux banques et fonds détenant des obligations qui ne relèvent pas du droit grec, pour un montant de quelque 23 milliards d’euros, la Grèce ayant déjà prévenu que pour les titres relevant de son droit national, elle pourrait recourir à des clauses d’action collective (CAC) lui permettant de contraindre les créanciers rétifs à suivre le mouvement.
Sur le front grec, le ministère des Finances s’est en tout cas prévalu dans un communiqué de l’accord des six principales banques du pays en vue “d’une acceptation intégrale volontaire de l’offre de l’Etat”.
Ces assurances ont été fournies lors d’une rencontre dans la soirée des directions des banques, dont le quator de tête du pays, Banque nationale de Grèce, Eurobank, Alpha Bank, et Banque du Pirée, avec le ministre Evangélos Vénizélos.
Les établissements concernés avaient déjà fait part de leur volonté de participer au PSI, mais selon les médias, certains voulaient en exclure des prêts obligataires contractés par des entreprises publiques.
Les banques entendent finalement inclure ces obligations dans l’opération de restructuration, une évolution jugée “satisfaisante”, a commenté une source du ministère. Les médias estiment le montant de ces titres dans une fourchette de 5 à 7 milliards d’euros.
La bronca est du coup venue, selon l’agence de presse grecque Ana, des caisses d’assurances maladie et retraites: sept ont décidé de participer à l’opération, mais cinq, dont celle de la police, ont refusé, à l’issue de conseils d’administration dans la journée, selon l’Ana, tandis que deux autres doivent encore se prononcer mercredi.
Selon les médias, il s’agit pour l’essentiel d’un baroud d’honneur des directions, alors que l’Etat grec s’est donné les moyens de contraindre ces organismes, dont la mise en jeu est de quelque 6,5 milliards d’euros.
Athènes a donné jusqu’à jeudi 20H00 GMT à ses créanciers privés détenant des obligations de droit grec pour dire s’ils entendent participer à l’opération, une sorte de faillite contrôlée, inédite par son ampleur dans l’histoire financière. Le délai court jusqu’au 11 avril pour les titres de droit étranger.
L’échange prévu de titres vise à effacer quelque 107 milliards d’euros de dette sur les plus de 350 milliards de dette actuelle au prix de pertes réelles d’environ 73% pour les banques et fonds.
Pour les titres de droit grec, Athènes veut obtenir une participation volontaire minimum de 75%, en dessous duquel elle a menacé d’abandonner l’opération, ce qui l’exposerait à une faillite désordonnée dès le 20 mars, date à laquelle elle doit rembourser une échéance de 14,4 milliards d’euros.
En cas d’échec du PSI, les bailleurs de fonds publics du pays, UE et FMI ne débloqueront pas leur propre plan de soutien du pays via des prêts de 130 milliards d’euros “et la Grèce devra restructurer sa dette dans d’autres termes”, a relevé M. Christodoulou à l’adresse des investisseurs allemands, évoquant implicitement une évolution qui couterait beaucoup plus cher aux créanciers privés.