Le ministre des Affaires sociales veut une Couverture maladie universelle pour les Tunisiens

Par : Tallel

assurances-maladie-080312.jpgLes ministres tunisiens de la Santé, des Affaires sociales et des Finances, ainsi que des personnalités de la société civile participent, ce mercredi 7 mars 2012, à un colloque portant sur l’«Éradication de la pauvreté en Tunisie» qui se tient au Sénat (au Palais du Luxembourg) à l’initiative de l’association Entreprendre en Tunisie.

Selon le site la-croix.com, Samira Labidi, PDG d’une société de courtage en assurance spécialisée dans la finance islamique basée à Paris, rêve de pouvoir dupliquer en Tunisie le dispositif “couverture maladie universelle“ (CMU), créé par Lionel Jospin en 2000. Mais cette jeune femme d’affaires franco-tunisienne, militante engagée, précise la même source, “devra attendre la révolution du 14 janvier 2011 pour que son projet reçoive un écho politique de l’autre côté de la Méditerranée. C’est chose faite“.

Au programme de ce colloque, «une mutuelle santé universelle en Tunisie: un dispositif possible» dont le principe est jugé bon par le ministre des Affaires sociales, Khalil Ezzaouia (Ettakatol), «Ce chirurgien, syndicaliste de gauche, membre du comité directeur de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), a le souci d’apaiser les criantes disparités sociales largement à l’origine de la révolution», écrit notre confrère.

Près de 3 millions de Tunisiens sans couverture sociale

D’ailleurs, M. Ezzaouia n’a pas manqué de présenter des chiffres qui lui font froid dans le dos. D’abord, il estime à huit cent mille familles, ce qui correspond à environ 3 millions de Tunisiens (sur les 10,7 millions d’habitants) sans couverture sociale, vivant surtout dans les régions déshéritées de l’intérieur du pays, et qui bénéficient déjà d’une carte de soins qui donne accès à des soins gratuits pour les familles sous le seuil de pauvreté, ou à des soins à tarifs réduits pour les autres. Donc, pour le ministre des Affaires sociales, «ce système est très insuffisant, et grève très lourdement, à hauteur de 40%, le budget des hôpitaux publics. Alors que de leur côté, les établissements privés de santé soignent 20% de la population et absorbent à eux seuls 60% du budget des médicaments». Voilà qui expliquerait l’intérêt pour le projet de mutuelle santé universelle inspirée de la CMU française. M. Ezzaouia affirme du reste que la mesure est très attendue en Tunisie, et ce d’autant plus qu’il existe un consensus politique sur le projet, mais il faut en étudier le schéma de financement. Alors il souhaite la mise en place dans les deux années à venir.

Emna Menif plaide la cause de la lutte contre la précarité…

Pour Emna Mnif, médecin, présidente de l’association Kolna Tounes, qui participe également à ce colloque, «au-delà du strict cadre de la santé, l’état sanitaire de nombreux Tunisiens est très dégradé… Il y a beaucoup d’habitations humides et insalubres, des internats sans eau courante, etc.». Comprendre par-là qu’il est impératif de s’attaquer à la précarité des Tunisiens d’une façon générale.

Mme Mnif va plus loin pour souligner que, selon notre source, «ce projet de couverture maladie universelle est une réponse indispensable, mais encore insuffisante pour répondre aux revendications de droit à la santé et de droit à un logement décent. Pas seulement, il y a également le droit au travail, étant donné que «l’absence de couverture médicale est une des causes de l’endettement des personnes malades acculées à vendre leur outil de travail».

WMC/TAP