Un pirate informatique, appartenant au groupe Anonymous (Photo : Jean-Philippe Ksiazek) |
[08/03/2012 09:13:34] PARIS (AFP) Attaques de pirates, espionnage industriel et virus destructeurs ont fait de l’internet la cinquième dimension de la défense et les industriels se bousculent sur ce marché en plein boom.
Les Etats-Unis ont inculpé mardi cinq pirates, dont certains affiliés au groupe de hackers Anonymous accusés d’attaques qui auraient fait au total un million de victimes, dont des gouvernements et de grandes entreprises.
Les pertes causées par ces attaques ont renforcé la prise de conscience de la vulnérabilité des réseaux et l’importance de la cybersécurité, pour les Etats comme pour les entreprises.
La firme britannique Ultra Electronics évalue à 50 milliards de dollars par an le marché mondial de la cybersécurité.
“Et ce marché croit de 10% par an, deux fois plus vite que l’ensemble du secteur des technologies de l’information”, souligne Denis Gardin, directeur de Cassidian Cyber Security Solutions, une unité du géant européen de l’aéronautique et la défense EADS.
C’est presque une ruée sur le secteur, baptisé cinquième dimension de la défense, après la terre, la mer, l’air et l’espace.
“Depuis un an, les industriels de la défense ont acquis des firmes de technologie à un rythme frénétique pour renforcer leurs capacités dans la cybersécurité”, relève Guy Anderson, analyste en chef chez Jane’s IHS, une société américaine d’études et de conseil.
“La cybersécurité a été perçue commme un bateau de sauvetage pour l’industrie quand les dépenses de défense dégringolaient dans les pays occidentaux: c’était un des derniers secteurs de croissance”, ajoute-t-il.
Une arme de guerre
L’Otan a pris conscience du problème depuis que des attaques lancées de Russie ont saturé les sites du gouvernement estonien en 2007, lors d’une crise entre Moscou et Tallinn.
La même année, Israël avait piraté le réseau syrien de défense antiaérienne, prenant le contrôle des écrans radars pendant que l’aviation détruisait une centrale nucléaire en construction, affirme dans son livre Cyberwar Richard Clark, ancien conseiller de la Maison Blanche.
Depuis, les attaques sont de plus en plus sophistiquées, passant des vols de propriété intellectuelle à la destruction physique de machines.
“A partir de 2009 on va recupérer de l’information en pénétrant dans les systèmes les plus sensibles”, relève Philippe Cothier du Centre d’étude et de prospective stratégique.
En 2010, le mystérieux virus Stuxnet s’attaque aux centrifugeuses du programme nucléaire iranien.
“C’était une bonne idée”, commente un ancien directeur de la CIA, Michael Hayden. Mais elle a créé un précédent dangereux: “Aux yeux du reste du monde, elle a légitimé ce type d’activité.”
Les gouvernements occidentaux renforcent donc leurs défenses, le Pentagone s’est doté d’un “Cyber Command”, et les chiffres les plus fantastiques circulent sur des bataillons de hackers formés par la Chine.
La cybersécurité ne concerne pas seulement la défense. “Les réseaux sont les systèmes nerveux de la société”, souligne Stanislas de Maupéou, du groupe français Thales.
“Le monde du cyber est devenu absolument énorme”, dit Philippe Cothier. Même les réfrigérateurs ont des adresses IP, numéro d’identification attribué à chaque branchement d’appareil relié au réseau internet.
“En 2008 il y avait dans le monde 2 milliards d’adresses IP, aujourd’hui il y en a 30 milliards, quatre fois la population mondiale”, souligne-t-il.