érence de presse à Francfort, le 9 février 2012 (Photo : Emily Wabitsch) |
[08/03/2012 11:01:24] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) devrait laisser inchangé son taux d’intérêt directeur jeudi tandis qu’aucune nouvelle mesure en faveur des banques de la zone euro, qu’elle vient d’abreuver en liquidités, n’est attendue.
De l’avis quasi général des économistes, le conseil des gouverneurs de la BCE va conserver son principal taux directeur à 1%. Soit son plus bas niveau historique, retrouvé en décembre.
“Une baisse de taux ne semble plus à l’ordre du jour”, estime Carsten Brzeski, de la banque ING. Et ce pour deux raisons, selon lui et ses confrères: l’économie de la région continue “de se stabiliser bien qu’à un niveau faible”, tandis que l’inflation “s’entête à demeurer élevée” en raison de la flambée des prix du pétrole.
Or, une baisse de taux pourrait encourager la hausse des prix et remettre en cause la prévision d’une inflation de 2% en 2012 qui a cours jusqu’ici à la BCE, dont le mandat est de maintenir la hausse des prix proche de 2% mais sous ce seuil.
L’institution monétaire doit d’ailleurs actualiser jeudi ses prévisions macroéconomiques (inflation et PIB).
Les analystes n’attendent pas non plus que la BCE annonce un nouveau geste en faveur des banques, après le deuxième prêt sur trois ans au taux de 1% mené la semaine dernière (LTRO). Une opération qui a attiré 800 banques pour un volume de 530 milliards d’euros, de nouveaux records.
“Pour l’heure, la BCE a fait son travail (…) et est probablement entrée dans une longue période d’attentisme”, notent les économistes d’UniCredit.
Toutefois pour Michael Schubert de Commerzbank, “en raison des incertitudes demeurant élevées, nous pensons que la BCE va laisser la porte ouverte à des mesures supplémentaires” dans l’avenir.
En particulier, le LTRO n’a pas réussi encore à atteindre l’objectif qui lui était fixé, soit inciter les banques à relâcher leurs conditions de crédit aux entreprises et ménages, pour encourager la croissance.
Alors que les marchés financiers se sont calmés et que les tensions sur les marchés obligataires des Etats se sont atténuées, la croissance du crédit demeure en effet très lente.
“Il semble que la BCE est devenue le prêteur en dernier ressort des banques et indirectement des gouvernements mais pas encore de l’économie”, commente Carsten Brzeski.
Les propos du président de la BCE Mario Draghi sur le LTRO et les crédits au secteur privé seront donc particulièrement guettés, lors de la conférence de presse à partir de 13H30 GMT qui suit la décision sur les taux.
Dans ses déclarations récentes, M. Draghi a laissé entendre qu’il n’était pas tout à fait satisfait du résultat obtenu mais a demandé un peu de patience.
Par ailleurs, il sera sans doute interrogé sur les inquiétudes qui se manifestent en Allemagne sur les risques que les liquidités généreusement distribuées y trouvent refuge et y créent des bulles spéculatives.
La Banque centrale allemande se soucie en outre d’une accumulation des risques financiers dans l’Eurosystème, selon un courrier de son président Jens Weidmann à Mario Draghi, qui a été révélé par la presse.
M. Weidmann s’y alarmerait des dettes contractées auprès de la BCE par les banques centrales de pays en difficulté qui pourraient se transformer en pertes en cas de défaut de paiement de ces pays.
Une éventualité que la BCE s’est toujours refusé à envisager mais contre laquelle la Bundesbank a commencé à se prémunir en effectuant des provisions pour risques, tout en critiquant ce qui s’assimilerait à des transferts de fonds entre pays de la zone euro ce qui est exclu par les Traités.
Pour Guntram Wolff, vice-directeur de l’institut d’analyse économique Bruegel, ces déséquilibres risquent toutefois de se poursuivre “aussi longtemps que la crise de confiance persistera sur la viabilité du système bancaire et financier de la zone euro”.
C’est la raison pour laquelle, selon lui, il demeure “essentiel” de discuter de la nécessité de compléter l’union monétaire par une union budgétaire, où les transferts de fonds seraient possibles entre Etats.
La Grèce et l’opération de restructuration de sa dette, dont le résultat est attendu au plus tard vendredi matin, seront aussi sans doute évoqués.