Peut-on oser écrire: «La Tunisie fête aujourd’hui, à l’instar de tous les pays du monde, la Journée mondiale de la femme»?… C’est seulement le calendrier –8 mars– qui nous rappelle cette fête, mais elle est où, cette fête?… Cette année, pour être réaliste, la Journée du 8 mars est morne, triste, porteuse non pas de l’espoir mais de l’inquiétude, sinon du pessimisme.
A mesure qu’elle avance dans le temps, la femme tunisienne espère ‘‘grignoter’’ de nouveaux acquis; hélas! elle ne fait aujourd’hui que lutter pour préserver tout ce qui a été fait pour elle, depuis Tahar Haddad jusqu’à Bourguiba.
Terrible épreuve que cette nouvelle donne à laquelle elle fait face aujourd’hui! Au moment où elle cherche à conforter son statut d’égale à l’homme, des voix s’élèvent, avec force gourdins et couteaux, pour la séquestrer à nouveau chez elle. Et le comble, c’est qu’elles-mêmes, les mounaqabêt, y contribuent largement, inconscientes qu’elles seront, elles et uniquement elles, les seules victimes de ce nouvel obscurantisme qui se met petit à petit en place. Plus jamais de mixité, plus jamais d’école, plus jamais de travail, obéissance et soumission totales à l’homme, hijeb, niqab, et réclusion forcée au foyer conjugal, avec pour rôles uniques: la procréation et les travaux ménagers.
Au lieu de s’unir, de se serrer les coudes pour combattre, ensemble, ce mouvement rétrograde qui menace de les asservir de nouveau, certaines d’entre elles, des jeunes par-dessus le marché, appellent haut et fort au retour au Noir après plus de cinquante ans de marche vers les lumières.
On est presque tenté de dire: tant pis pour elles puisqu’elles adorent la soumission et l’ignorance. Seulement voilà: une femme ignorante équivaut à un homme amputé d’un organe, c’est la société entière qui portera ce handicap pour faire bien des enjambées en arrière.
Il ne faudra pas tomber dans le piège de la comparaison: la Libye a le pétrole; l’Algérie, le gaz et le pétrole également; l’Iran, l’uranium et le nucléaire; les pays du Golfe ont un sous-sol fabuleux. Les Tunisiens n’ont rien, rien! Nous n’avons que la matière grise. Et c’est cette matière grise, déjà peu reluisante comparée à celle des Occidentaux et des Européens, qu’on va tuer, massacrer, gommer à jamais.
Fêter encore le 8 mars?… Pour fêter quoi au juste?… La descente à l’Enfer obscurantiste et tout noir?… Mais comment donc en sommes-nous arrivés jusque-là?