A quelques jours de la tenue d’Assemblée générale extraordinaire de la Chambre tuniso-italienne de commerce et d’industrie (CTICI), prévue pour le 29 mars 2012, son secrétaire général, Ferruccio Bellicini, a accordé l’interview ci-dessous à WMC. Il évoque, entre autres, le pourquoi de cette anticipation par rapport à la date prévue, les changements des statuts de la Chambre, le nombre d’entreprises italiennes ayant quitté la Tunisie depuis le 14 janvier 2011… .
WMC: Pourquoi la Chambre tuniso-italienne de commerce et d’industrie (CTICI) a-t-elle décidé de tenir, fin mars 2012, une assemblée générale extraordinaire élective, en avance de près d’une année sur l’échéance normale?
Ferruccio Bellicini: La révolution survenue en 2011 a marqué un changement socio-économique et politique. Par rapport au passé, les jeux et même les instruments de travail ont changé. En outre, s’y est ajoutée la crise financière internationale, notamment européenne et en particulier italienne, avec toutes les difficultés de l’entreprise à se développer.
Dans ce panorama, le conseil d’administration de la Chambre –qui a été élu en 2010 et dont le mandat devait s’achever en 2013- s’est dit que nous devions nous aussi envoyer un signal de changement. Alors le 27 juillet 2011, s’est tenu une assemblée ordinaire qui a pris deux décisions importantes. D’abord, de réviser les statuts pour les adapter aux nouvelles circonstances. Ensuite, d’élire un nouveau conseil d’administration.
Quels changements avez-vous apporté aux statuts?
Il y a eu des changements formels et substantiels. Nous avons d’abord proposé de diminuer le nombre d’administrateurs pour le ramener de 21 –onze tunisiens et 10 italiens- à 14. Ensuite, et pour la première fois, nous avons introduit la parité entre les deux parties. De même, nous avons réduit le nombre de procuration pour le vote. Avant, un membre pouvait détenir jusqu’à 5 procurations, or dans les élections cela donne des mouvements pas trop clairs. Désormais, il n’y aura pas plus de deux procurations par personne.
Nous avons également décidé de limiter les mandats des administrateurs qui, jusque-là, étaient illimités: on ne pourra plus faire plus de trois mandats consécutifs de trois ans.
Mais, autre nouveauté importante, si un administrateur ne participe pas trois fois de suite aux travaux du conseil, il est exclu automatiquement. Ceci pour les changements substantiels.
En ce qui concerne les changements formels, nous avons adapté nos statuts à ceux des autres Chambres mixtes à l’étranger pour avoir une homogénéité. Ces nouveaux statuts ont été présentés le 24 novembre 2011 à l’assemblée qui les a votés.
Cette même assemblée a décidé d’organiser l’élection du nouveau conseil d’administration durant le premier trimestre de 2012. Le conseil d’administration a décidé que ce sera le 29 mars.
La CTICI est la deuxième Chambre mixte, après la Chambre tuniso-américaine de Commerce (TACC) à renouveler ses structures après le 14 janvier 2011. Y aura-t-il un changement profond?
C’est ce que les adhérents souhaitent; après ce sont les élections qui décideront, car ce seront des élections libres.
Savez-vous déjà si certains membres du conseil d’administration ne vont pas se représenter?
Le dernier délai pour déposer une candidature a été fixé au 14 mars 2012. Nous avons déjà enregistré des candidatures nouvelles et quelques unes d’anciens administrateurs. Une grande partie de ces derniers –dont le président sortant (M. Laaroussi Bayoudh, ndlr)- ne vont pas se présenter.
Mais il n’y a pas que le conseil d’administration. Nous avons décidé de créer des groupes de travail sectoriels, par exemple sur l’agroalimentaire, l’énergie et l’environnement, l’innovation, etc., qui seront ouverts à des personnalités ne faisant pas partie du conseil d’administration.
Le prochain président de la CTICI sera-t-il tunisien ou italien?
Le statut accorde la liberté mais dit une chose: quand le président est tunisien, le premier vice-président est italien et vice-versa. Personnellement, mais c’est le conseil qui va décider, je pense qu’étant donné que nous travaillons en Tunisie, il est plus opportun que le président soit tunisien, car les relations avec les institutions tunisiennes seront plus faciles pour un président tunisien.
Les Chambres mixtes sont pour la plupart concentrées sur ce qui se passe dans la capitale où elles sont basées…
C’est vrai. Nous n’avons pas pu le faire en 2011, une année difficile, mais nous avons inscrit à notre programme l’ouverture d’antennes dans les régions. La première sera ouverte à Sousse, parce qu’on trouve une grande concentration d’entreprises italiennes dans le centre du pays. Une autre pourrait l’être à Sfax, pour tout le sud.
Combien d’entreprises italiennes ont quitté la Tunisie après le 14 janvier 2011?
Une quarantaine d’entreprises sont parties mais on a enregistré l’arrivée d’un nombre équivalent de nouvelles entreprises italiennes. Il faut s’habituer à la nouvelle situation, car, je le dis toujours, la Tunisie est devenue un pays normal où se déroulent des manifestations, des revendications salariales, aux grèves, etc. mais également plus de transparence. On attend aujourd’hui les changements qui vont être apportés au Code d’incitations aux investissements, et à la législation sur les appels d’offres publics.
D’ailleurs, en 2010 j’ai fait dix présentations en Italie pour rassurer les investisseurs en leur disant que la Tunisie nouvelle sera plus transparente et plus attractive pour l’investisseur.