Taxe carbone : un diplomate chinois justifie un boycott d’Airbus

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Un Airbus A380 (Photo : Pierre Verdy)

[12/03/2012 10:55:44] PARIS (AFP) L’ambassadeur de Chine auprès de l’Union européenne trouve “censé” que les compagnies chinoises achètent des avions à Boeing plutôt qu’à Airbus quand elles se voient taxer en Europe sur les émissions carbones, dans des propos rapportés lundi par le Wall Street Journal.

EADS, la maison mère d’Airbus, avait révélé jeudi que le gouvernement chinois bloquait des commandes d’Airbus en représailles à l’imposition d’une taxe carbone à toutes les compagnies opérant dans l’Union européenne.

Dans une lettre rendue publique lundi, Airbus s’associe à six compagnies aériennes et deux équipementiers pour demander aux chefs de gouvernements allemand, britannique, espagnol et français d’éviter une guerre commerciale à cause de cette taxe, qui a suscité une levée de bouclier dans le monde.

La législation européenne, entrée en vigueur le 1er janvier, oblige les compagnies aériennes, quelle que soit leur nationalité, à acheter des droits à polluer équivalent à 15% de leurs émissions carbones.

L’ambassadeur, Wu Hailong, estime que quand les compagnies chinoises sont frappées par cette mesure, “il est censé pour elles de se tourner vers Boeing”. “Il n’est pas raisonnable d’imposer une taxe carbone (à des compagnies non-européennes) quand l’avion est fabriqué par une compagnie européenne”, a-t-il encore déclaré.

Pékin n’avait pas encore réagi aux propos du patron d’EADS, Louis Gallois, selon lesquels la Chine a bloqué des commandes de dix superjumbo A380 et 35 long-courriers A330, dont 25 sont déjà en fabrication.

Les commandes d’avions “sont dans une grande mesure des décisions commerciales d’une campagnie, mais elles seront bien entendu influencées par la position du gouvernement sur la taxe carbone”, a déclaré l’ambassadeur.

Dans une lettre conjointe, Airbus, Air Berlin, Air France, British Airways, Iberia, Lufthansa, Virgin Atlantic et les équipementiers français Safran et allemand MTU préviennent que la situation devient insupportable pour l’industrie aéronautique européenne.

Ils estiment que “dans le climat économique actuel, l’Europe peut difficilement se permettre” une guerre commerciale avec la Chine et le reste du monde.

Les commandes suspendues en Chine se montent à 12 milliards de dollars, mille emplois sont menacés chez Airbus et mille autres chez les sous-traitants, affirme l’avionneur dans la lettre.

Beaucoup de pays opposés à la taxe carbone préparent des taxes spéciales et même une limitation des droits de trafic, préviennent les signataires, en demandant aux Premiers ministres d’intervenir pour trouver une solution au conflit au sein de l’Organisation de l’aviation civile internationale.