«Le nouveau modèle de développement à mettre en place en Tunisie doit être à la fois social, solidaire, inclusif, ouvert sur le monde, efficace et performant». C’est ce que pense Radhi Meddeb, PDG du groupe COMETE Engineering (bureau d’études pluridisciplinaire, cité par la TAP. Il s’agit de faire profiter toute la population des fruits de la croissance socio-économique.
M. Meddeb vient de publier un ouvrage en arabe et en français, intitulé “Ensemble, construisons la Tunisie de demain, modernité, solidarité et performance”, rapporte la TAP. Il estime que la Tunisie a réussi à réaliser “de la croissance” et non “du développement”, seul à même de favoriser la promotion des ressources humaines, en leur garantissant des conditions de vie meilleures.
Résultat, “les écarts de richesses se sont creusés, au cours des dix dernières années, alors que la classe moyenne est tirée vers le bas».
A partir de ce constat, M. Meddeb souligne qu’il est indispensable de “fonder une solidarité multi-dimensionnelle”, ce qui revient à ériger un nouveau modèle de développement qui doive “se préoccuper de l’aspect social pour ne pas laisser une frange de la population au bord de la route”.
Loin des anciens instruments biaisés, mobilisés par l’ancien régime (26-26, 21-21, BTS…), il a suggère de concevoir, aujourd’hui, de nouvelles modalités de solidarité, garantissant la prise en charge adéquate de citoyens dans le besoin, écrit la même source.
Ensuite, il appelle à la création “des solidarités nouvelles et modernes pour remplacer celles anciennes et traditionnelles”, notamment pour la prise en charge de personnes âgées et des enfants, au moment où la famille traditionnelle a éclaté et a été remplacée par la famille mononucléaire. “Aujourd’hui, en l’absence de contrôle des membres de la famille (grands-parents, oncles…), les enfants sortent dans la rue, après l’école… Nous ouvrons, à nos enfants, la voie de la délinquance. Nous devons créer des établissements adaptés pour la garde des enfants, et multiplier les institutions sportives afin qu’ils puissent profiter de leur temps libre».
En outre, concernant la solidarité régionale, M. Meddeb appelle à la dissolution des “IMADAS” destinées, sous l’ancien régime, au contrôle politique de la population. De ce fait, il faut opter pour la déconcentration des régions permettant de “transférer les fonctions actuellement exercées par les ministères et services centraux et gagnant à l’être dans la proximité”, en vue de doter immédiatement, les régions de compétences et de leurs affecter les budgets correspondant.
Par ailleurs, il est nécessaire, selon lui, de créer des collectivités locales légitimement élues, issues d’une fusion entre les délégations et les municipalités. Ces collectivités constitueront les noyaux pour un nouveau découpage territorial du pays sur la base de cinq ou six grandes régions. Lesdites régions, qui doivent retrouver une cohérence économique, humaine, géographique et historique, seront régies par des conseils régionaux élus et bénéficieront d’un pouvoir réel aussi bien financier qu’humain. M. Meddeb pense même qu’il serait mieux de créer une à deux villes garnisons dans le pays… aui seront à même d’avoir un impact sur l’activité économique des régions, comme ça a été le cas pour la ville de Gabès sous le protectorat…
L’expert propose, également, de remplacer le programme Amal par un “Programme national des travaux d’intérêt général” devant concerner 100 mille chômeurs diplômés du supérieur, en contrepartie d’un travail effectif (encadrement scolaire, vulgarisation de l’informatique…). Un programme de formation devra être lancé à destination des diplômés, axé sur les activités à forte employabilité et un deuxième orienté vers les franges défavorisées pour les initier à l’usage des TIC.
Parmi les principales mesures, l’ouvrage a mentionné “la révision du Code des marchés publics pour y réserver un minimum de 30% de la commande publique aux TPE/PME innovantes, la suppression des conditions d’ancienneté minimum des entreprises pour l’obtention des aides à l’exportation, et la supression de l’autorisation administrative du gouverneur sur les transactions immobilières avec des étrangers”.
En outre, M. Meddeb suggère d’engager un audit des conventions conclues entre l’Etat et les investisseurs en charge des grands projets immobiliers, de libérer l’investissement direct étranger, d’une part, et l’investissement des entreprises tunisiennes dans les pays du Maghreb, d’autre part, ainsi que de mettre en place une ligne de crédit d’un montant initial de 100 millions de dinars par la Banque centrale de Tunisie pour permettre aux banques d’accompagner l’implantation des entreprises tunisiennes en Libye.
Concernant l’aspect institutionnel, les propositions ont porté que la création du ministère du Développement humain, regroupant le travail, l’emploi, l’apprentissage et la formation professionnelle, ainsi que du ministère de l’Economie et des finances, prenant en charge les départements des finances, de l’industrie, de l’énergie, du commerce, du tourisme, de l’économie numérique et de la prospective.
Enfin, M. Meddeb appelle à la constitution de commissions d’experts pour un audit de la situation des finances publiques, de la BCT, de la dette extérieure, des affaires foncières de l’Etat, de la Caisse de compensation… mais aussi à la suppression de la Commission supérieure des marchés.
A rappeler que Radhi Meddeb a fondé et dirigé “Arab leasing international” (arabie saoudite) et “Algerian Saudi Leasing ” (Luxembourg), il est également, président de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Paris). Au lendemain de la révolution, il a fondé l’association “Action et développement solidaire”, qui “entend donner la parole à la société civile”.