Nicolas Sarkozy lors de son meeting de Villepinte le 11 mars 2012 (Photo : Lionel Bonaventure) |
[12/03/2012 15:56:29] BRUXELLES (AFP) Les exigences du candidat Nicolas Sarkozy sur l’Europe ont suscité lundi une perplexité certaine dans l’UE où la Commission européenne a mis en garde contre tout protectionnisme et souligné la difficulté d’une réécriture fondamentale de l’accord Schengen.
Engagé dans une difficile campagne en vue de sa réélection face au favori socialiste des sondages, le chef de l’Etat français a ouvert dimanche deux fronts européens: le contrôle de l’immigration clandestine et la protection des industries du continent.
Il a pour cela menacé de sortir la France de l’espace sans frontières Schengen si la possibilité de sanctionner voire d’exclure un pays défaillant n’est pas créée. Et il a exigé que les entreprises européennes soient privilégiées comme aux Etats-Unis pour les contrats publics sur le continent.
L’offensive du candidat Sarkozy a d’abord surpris nombre de fonctionnaires européens à Bruxelles dans la mesure où ces chantiers sont déjà ouverts dans l’UE, au moins partiellement.
Sur Schengen en particulier, “ce qu’il demande c’est une paraphrase de ce qu’on discute déjà depuis l’automne dernier”, indique à l’AFP un de ces diplomates spécialiste du sujet.
C’est justement la France qui a réclamé ce réaménagement lors du Printemps arabe de 2011 à la suite de l’arrivée sur son sol de milliers de Tunisiens passant par l’Italie.
Il inclut la possibilité pour les gouvernements de rétablir des contrôles aux frontières si un pays ne peut faire face à un afflux massif et incontrôlé d’immigrants clandestins. Il s’agit donc de facto déjà d’une forme d’exclusion temporaire d’un Etat jugé défaillant.
La Grèce, qui éprouve les pires difficultés avec les vagues de migrants en provenance de Turquie, est clairement dans le collimateur.
éen chargé du marché intérieur, Michel Barnier, le 8 février 2012 à Bruxelles (Photo : John Thys) |
Selon une source européenne, M. Sarkozy a surtout voulu peser sur ces négociations qui ne sont pas encore bouclées afin qu’elles s’achèvent rapidement et dans le sens voulu par Paris, c’est à dire avec un rôle aussi réduit que possible pour la Commission européenne dans la nouvelle procédure. Une réunion sur Schengen a du reste eu lieu jeudi à Bruxelles, à laquelle le ministre français de l’Intérieur Claude Guéant n’a pas participé.
La Commission souligne également la difficulté qu’il y aurait pour la France à s’exclure de l’espace sans passeport ou à pouvoir sortir un pays de cette zone, clauses qui n’existent pas actuellement.
“Schengen fait partie du traité” de l’Union européenne et “donc une modification demandera un changement de ce traité” devant être ratifié par tous les pays, a averti la commissaire européenne chargée des questions d’immigration, Cecilia Malmström.
Concernant la demande du président candidat de privilégier les entreprises européennes pour les contrats publics, le commissaire français chargé du marché intérieur, Michel Barnier, a plaidé en faveur d’une solution “non protectionniste”.
Ses services et ceux du commissaire au Commerce Karel De Gucht travaillent là encore déjà à une proposition visant à garantir une meilleure réciprocité des pays tiers, comme la Chine, dans l’accès aux marchés publics. Avec possibilité de restrictions en Europe pour ceux qui ne joueraient pas le jeu.
Mais ce texte, attendu pour fin mars, ne prévoit pas une préférence systématique pour les entreprises de l’UE. “Les marchés publics représentant 15 à 20% du PIB européen, si on restreint les appels d’offres et qu’on choisit des offres plus chères” que les chinoises par exemple, “cela aura un coût non négligeable”, avertit une source proche du dossier.