Sarkozy propose un impôt sur les revenus du capital des exilés fiscaux

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dans les locaux de TF1 le 12 mars 2012 (Photo : Eric Feferberg)

[13/03/2012 07:05:35] PARIS (AFP) Nicolas Sarkozy a proposé lundi la création d’un impôt appliqué aux revenus du capital des exilés fiscaux, les forçant à s’acquitter auprès du fisc français de la différence entre l’impôt payé à l’étranger et ce qu’ils auraient eu à verser en France.

Le président-candidat, qualifiant de “profondément choquant” qu'”on puisse avoir la nationalité française et s’exonérer de la fiscalité française”, avoir “tous les avantages mais aucun inconvénient”, a précisé que les expatriés ne seraient pas concernés.

“Je le dis aux expatriés: nous ne changerons rien pour eux, les deux millions de Français qui partent pour travailler, pour créer une entreprise”, a-t-il précisé.

“Tout exilé fiscal qui est parti à l’étranger dans le seul but d’échapper à l’impôt français devra déclarer à l’administration française ce qu’il a payé comme impôt à l’étranger. Et si c’est inférieur à ce qu’il aurait payé sur les revenus de son capital en France, on lui fera payer la différence”, a expliqué le président-candidat.

Ces revenus sont “les dividendes pour l’essentiel, les plus-values et les intérêts” et “l’on distingue totalement expatriés et exilés fiscaux”, a-t-on affirmé à l’AFP dans l’entourage du candidat, ajoutant: “il y a peu d’expatriés qui vivent du revenu du capital”.

“Il y aura un seuil” et l’impôt touchera “les contribuables très aisés”, excluant du champ le cas d’un expatrié qui se serait constitué un capital après quelques années dans le pays, a-t-on assuré de même source.

Quant à la nécessité de renégocier des conventions fiscales avec un certain nombre de pays, “c’est un sujet, pour dire la vérité, qui est un peu débattu en droit”, a-t-on admis de même source.

“Ce n’est très sincèrement pas un problème”, a ajouté l’entourage de M. Sarkozy, soulignant que la question était déjà connue car ce système est en vigueur aux Etats-Unis.

Les Etats-Unis sont le seul pays au monde, avec les Philippines qu’ils ont administrées de 1898 jusqu’à l’indépendance en 1946, à imposer les revenus de leurs citoyens partout dans le monde, au motif de leur nationalité.

“On prendra les pays où il y a beaucoup d’exilés fiscaux et où la fiscalité sur les revenus du capital est plus avantageuse qu’en France”, a résumé l’entourage de M. Sarkozy, ajoutant “ce n’est pas la peine de commencer par renégocier avec les pays dans lesquels la fiscalité est plus lourde”.

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ée nationale le 17 janvier 2012 (Photo : Bertrand Guay)

Jérôme Cahuzac, président PS de la commission des Finances de l’Assemblée a rappelé avoir déposé en vain en décembre 2010 un amendement visant à faire contribuer les expatriés dont le revenu annuel était supérieur à 200.000 euros et pour la partie supérieure à cette somme es 200.000 euros.

“L’idée est la même”, a-t-il affirmé à l’AFP, “à ceci près que ce que propose Nicolas Sarkozy souffre d’une grave imperfection”. “Que se passera-t-il si les impôts versés à l’étranger sont supérieurs à ceux qui seraient versés en France? L’Etat français devra-t-il rembourser?”, s’est-il interrogé.

M. Cahuzac, chargé des finances dans l’équipe du candidat socialiste à la présidentielle François Hollande, a estimé “souhaitable” de rénégocier les conventions liant la France à la Belgique, au Luxembourg et à la Confédération helvétique où se trouvent la plupart des exilés fiscaux”.

“C’est ce que j’ai proposé à plusieurs reprises”, a-t-il affirmé.

Interrogé sur une évaluation de la somme qui pourrait revenir dans les comptes de l’Etat par l’application d’une telle mesure, l’entourage du candidat UMP à un second mandat, a indiqué n’avoir “pas encore” effectué d’évaluation. “C’est un travail qui doit continuer à être fait”, a-ton déclaré à l’AFP.

Mais si ce système était mis en oeuvre en France, il pourrait faire des émules, estime l’entourage de M. Sarkozy. “Un certain nombre de pays y trouveront leur intérêt. Logiquement, ils verront bien qu’il y a là la possibilité de régler un problème qui existe de longue date et qui a été renforcé par la crise”, a déclaré l’entourage du candidat à l’AFP.