Moody’s abaisse la note de Chypre, reléguée en émetteur spéculatif

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s (Photo : Joel Saget)

[13/03/2012 14:19:46] PARIS (AFP) L’agence d’évaluation financière Moody’s Investors Service a abaissé mardi d’un cran la note de Chypre, reléguant ainsi ce pays de la zone euro parmi les emprunteurs spéculatifs, en raison de l’impact de crise dans la Grèce voisine sur son système bancaire.

Le ministère chypriote des Finances a jugé cette démarche injustifiée arguant que la raison donnée n’était pas différente de la dernière évaluation.

La note accordée à la dette long terme du pays passe de “Baa3” à “Ba1” et celle accordée à la dette court terme de “Prime-3” à “Not Prime”. La perspective de ces notes est “négative”, ce qui implique que Moody’s n’exclut pas de les abaisser une nouvelle fois à moyen terme.

Chypre était menacé d’une telle décision par Moody’s depuis sa mise sous surveillance négative annoncée début novembre.

Moody’s devient la deuxième grande agence de notation à classer Chypre parmi les emprunteurs à risque. Standard & Poor’s avait pris une décision similaire à la mi-janvier, en dégradant la note du pays de deux crans à “BB+” (une note correspondant au “Baa3” de Moody’s). La troisième grande agence, Fitch Ratings, note encore Chypre “BBB-“, la plus faible note possible pour un emprunteur fiable, après une baisse d’un cran annoncée à la fin janvier.

Dans son communiqué, Moody’s explique sa décision par le risque grandissant de voir le gouvernement chypriote contraint de voler au secours de ses banques, très exposées à l’économie grecque. L’agence s’inquiète également de la “fragilité” de la confiance des investisseurs dans Chypre, qui, note-t-elle, a déjà perdu l’accès aux marchés internationaux des capitaux.

Pour l’agence, les banques chypriotes vont devoir massivement renforcer leurs fonds propres après la restructuration de la dette grecque. Elle chiffre l’effort nécessaire à plus de 20% du Produit intérieur brut du pays et l’Etat, devrait, selon elle, participer à cette effort en partie, en leur apportant des capitaux pour des montants correspondant à 5%-10% du PIB.

Moody’s explique toutefois n’avoir baissé la note du pays que d’un cran en raison des mesures d’austérité prise par le gouvernement depuis novembre. Ce plan devrait permettre de réduire le déficit des comptes publics de 3 points de pourcentage de PIB en 2012, pronostique-t-elle.

La découverte de gaz naturel au large des côtes du pays constitue, pour Moody’s, “une évolution positive” pour les finances de Chypre.

Mais la crise grecque va continuer à présenter des risques “très significatifs” pour les finances chypriotes pendant les prochains 18 à 24 mois, ce qui justifie la perspective “négative” attachée à la dette du pays.

En réponse, le ministère chypriote des Finances a estimé que “les facteurs négatifs pris en compte dans l’évaluation ne diffèrent pas dans la substance des arguments donnés lors du dernier abaissement (de la note de Chypre) le 4 novembre 2011 et sont donc injustifiés dans ce dernier abaissement”.

“Cependant, le gouvernement reconnaît les défis auxquels est confrontée l’économie chypriote, en raison du développement négatif de la crise de la dette de l’UE et de la situation de l’économie grecque en particulier”.

Dans son communiqué, le ministère affirme que le gouvernement “reste engagé à maintenir et atteindre les objectifs et la politique fiscaux et à assurer les ressources nécessaires pour répondre aux besoins financiers de l’Etat”.

“En outre, en collaboration avec la Banque centrale de Chypre tous les paramètres sont pris en considération pour gérer les défis du système bancaire efficacement”, ajoute le texte.