La 7ème session du Conseil d’affaire tuniso-saoudien s’est déroulée mardi 13 mars 2012, en l’absence de la présidente de l’UTICA en déplacement au Liban pour la célébration du 60ème anniversaire de l’Union Générale Arabe des Chambres de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture. Il faut reconnaître que lors de la rencontre qui avait réuni un bon nombre d’hommes d’affaires, la gente féminine était presque absente hormis les journalistes venues couvrir l’événement.
«Nous ne vous demandons pas des financements purs et simples, nous voulons des partenariats dans des investissements communs. Vous investissez dans les pays d’Asie orientale et d’autres africains dans l’agriculture. Œuvrons ensemble à réaliser notre autosuffisance en exploitant les terres agricoles tunisiennes fertiles. Vous importez les céréales, les viandes rouges et le son au même titre que nous. Mettons en place ensemble une plateforme commune pour commercialiser en direction de l’Europe et de l’Afrique nombre de nos produits nationaux en profitant de nos expériences les uns et les autres», a tenu à préciser Hamadi Kooli, président de la Fédération de l’Export à l’UTICA et de la partie tunisienne au Conseil d’affaires tuniso-saoudien.
Lors des discussions assez houleuses qui ont animé le débat, l’un des participants saoudiens a soulevé le problème des hôtels ghettos dans notre pays. Ce qui correspond à la réalité du terrain et colle parfaitement aux traditions bien ancrées dans nos unités hôtelières depuis des décennies. Pour l’hôtelier, «La Tunisie, c’est moi, aller ailleurs serait superflu…». Il est grand temps, estime l’homme d’affaires saoudien, de développer autour des unités hôtelières des lieux d’animation et de détente familiaux et d’enrichir le produit touristique tunisien en proposant des formules à la carte et non un seul menu pour tout le monde, qu’on vienne de l’est ou de l’ouest.
Un reproche désormais familier venant des pays arabes du Machrek: «Vous êtes plus orientés Europe que pays arabes, alors que nombreux sont les produits que vous exportez ailleurs et qui peuvent nous intéresser. En haut du pavé, l’agroalimentaire, les produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques».
«L’argent, nous pouvons le trouver partout, c’est d’expertise et de marchés que nous avons besoin»
Pour M. Kooli, les temps sont arrivés pour que Tunisiens et Saoudiens explorent de nouvelles voies pour le développement de la coopération entre les secteurs privés des deux pays et diversifier les marchés: «Il existe de nombreux domaines que nous pouvons développer en mettant à profit nos expertises communes, telles les industries manufacturières, la pétrochimie, et les énergies; nous pouvons également investir dans les grandes cultures. A travers la Tunisie, l’Arabie Saoudite peut accéder plus facilement aux marchés africains et à l’Europe, à travers le Royaume, nous Tunisiens, pourrions conquérir les pays du Golfe. C’est de bonne guerre».
Vingt-sept, c’est le nombre d’hommes d’affaires saoudiens qui se sont déplacés pour participer à la rencontre. Leur ton était «arrogant», qu’il s’agisse de critiques ou de propositions. Ca serait tout à fait «naturel» chez eux. «C’est ainsi qu’ils s’adressent habituellement à leurs homologues dans les autres pays», explique un participant tunisien. Se conduisent-ils ainsi avec les Britanniques et les Américains? C’est sans doute comparer l’incomparable… Dans le cas de la Tunisie, ils ont été sollicités par les plus hautes instances de l’Etat, en Arabie Saoudite, les journaux en ont fait des gorges chaudes pendant des jours et des jours… Il faut reconnaître que ce désir de rapprochement avec le Royaume wahhabite n’a jamais été autant à l’ère du temps… Les temps changent, les alliances aussi…
Pouvons-nous espérer, venant des pays du Golfe, des investissements dans les nouvelles technologies ou des produits à haute valeur ajoutée? Plus que dans ceux classiques, dans l’immobilier et les lieux d’animation et de loisirs? Hamadi Kooli en a exprimé l’espoir sans s’attendre à des actes d’altruisme ou de générosité désintéressée. Il a bien insisté, l’argent, nous pouvons le trouver partout, c’est d’expertise et de marchés que nous avons besoin, et c’est surtout dans le sens d’intérêts communs.
Ailleurs, au Liban, Wided Bouchammaoui a, pour sa part, invité les hommes d’affaires arabes à visiter la Tunisie et à y exploiter des opportunités d’investissement qui pourraient être attirantes pour eux.