Fiscalité : le monde de l’entreprise s’inquiète pour sa compétitivité

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à Paris (Photo : LIONEL BONAVENTURE)

[13/03/2012 17:22:26] PARIS (AFP) Confronté à une “surenchère” fiscale des candidats à la présidentielle, le monde de l’entreprise craint une nouvelle dégradation de sa compétitivité, alors que les prélèvements obligatoires plombent déjà trop à son goût le coût du travail comparé aux pays voisins.

La présidente du Medef, Laurence Parisot, a dénoncé mardi dans Les Echos la “charge écrasante” pour les entreprises représentée par le programme du socialiste François Hollande, et critiqué la proposition du président Nicolas Sarkozy d’un impôt minimum pour les grands groupes, qui “pénaliserait la compétitivité”.

“Il ne faut surtout pas alourdir la charge des très grandes (entreprises) car elles sont d’emblée dans la compétition mondiale”, a-t-elle insisté lors d’un débat sur les défis de la compétitivité organisé par l’association des entreprises privées (AFEP) et Le Monde.

“Le succès de grands groupes à l’international est une des plus brillantes réussite de la France dans les dix dernières années”, a estimé pour sa part le président de l’AFEP, Maurice Levy. Mais “certaines propositions faites en ce moment visent à l’entraver”, a-t-il dénoncé.

M. Levy n’a pas cité un programme électoral en particulier. Mais il a rappelé que la France avait déjà “les prélèvements sociaux et fiscaux parmi les plus élevés au monde, et qui entravent la compétitivité de notre pays”.

“Augmenter les impôts nous ferait crever les plafonds avec un effet négatif sur la croissance”, a-t-il encore averti.

Presque chaque jour de campagne présidentielle apporte une nouvelle proposition fiscale, au point que certains candidats eux-mêmes, tels François Hollande ou François Bayrou mardi, parlent de “surenchère”.

Le monde de l’entreprise fait partie des cibles. Si Nicolas Sarkozy entend contraindre les grands groupes du CAC 40 à payer un impôt minimum, François Hollande veut, lui, moduler l’impôt sur les sociétés en fonction de leur taille, et taxer à 75% les revenus supérieurs au million d’euros, ceux des artistes et des sportifs, mais aussi de certains grands patrons.

Mais pour Mme Parisot, il n’y a pas assez de “cohérence d’ensemble”. Elle réclame notamment “une vraie stratégie économique des prélèvements économiques et sociaux” qui, selon elle, “manque encore dans la campagne électorale”.

La question des prélèvements obligatoires va de pair avec celle du coût du travail en France, très présente dans le débat sur la perte de compétitivité du pays dont le déficit commercial record de l’an dernier, le ralentissement de la croissance et la montée du chômage sont considérés comme des symptômes.

M. Levy juge ainsi le coût du travail “difficilement supportable”: il a augmenté de 23% en France depuis 2000 contre seulement 4% en Allemagne, avec notamment un niveau de charges sociales plus élevé que chez le voisin d’outre-Rhin, relève-t-il.

L’équipementier automobile Valeo paye en France “près de 500 millions d’euros de charges sociales, d’impôts”, un montant “presque équivalent à l’ensemble des salaires” chiffrés à environ 650 millions d’euros, indique de son côté son directeur général Jacques Aschenbroich. Si le groupe était soumis à la fiscalité allemande, “nous économiserions sur les salaires”, les charges sociales et les impôts, assure-t-il.

Plusieurs participants au débat ont d’ailleurs évoqué un “choc” qui pourrait favoriser la compétitivité en allégeant les cotisations sociales et en basculant le financement des prestations auxquelles elles correspondent sur d’autres sources.

“Nous militons pour qu’on crée un choc de compétitivité en transformant le financement de la protection sociale”, a notamment indiqué Frédéric Saint-Geours, membre du directoire du constructeur automobile Peugeot SA.