èces de boeuf à San Francisco (Californie), le 31 janvier 2012. (Photo : Justin Sullivan) |
[14/03/2012 13:28:30] STRASBOURG (Parlement européen) (AFP) L’Europe a mis fin mercredi à un différend commercial de plus de vingt ans avec les Etats-Unis et le Canada, en acceptant d’augmenter ses importations de viande bovine de haute qualité en échange du maintien de son embargo sur le boeuf aux hormones.
L’Europe a interdit en 1988, pour des raisons sanitaires, les importations de viande bovine issue d’animaux traités aux hormones de croissance. En rétorsion, les Etats-Unis et le Canada, avec l’aval de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ont imposé en 1999 des sanctions douanières sur de nombreux produits européens, dont le roquefort, pour un montant annuel de 116,8 millions de dollars américains et 11,3 millions de dollars canadiens.
Outre le roquefort, étaient concernés des produits aussi divers que le chocolat, les échalotes, la moutarde, les truffes, les pains grillés, les jus, les confitures ou les soupes.
Le règlement adopté mercredi à une large majorité par le Parlement européen (650 pour, 11 contre et 11 abstentions) prévoit une augmentation de 25.000 tonnes par an du contingent de viande de boeuf sans hormone déjà susceptible d’être exportée par les Etats-Unis en Europe, et de 3.200 tonnes pour le Canada.
Cette hausse correspond à “0,36% de la totalité du marché de la viande de boeuf et de veau de l’Union”, selon la Commission de l’agriculture et du développement rural du Parlement.
Le vote des députés avalise des accords signés par l’Union européenne avec les Etats-Unis en 2009 et le Canada en 2011. Dans une première phase, Bruxelles avait autorisé l’importation en provenance des Etats-Unis de 20.000 tonnes supplémentaires par an de viande bovine de haute qualité, en échange d’une levée partielle des sanctions américaines.
Les Etats-Unis et le Canada ont déjà mis en oeuvre leurs engagements et levé toutes les surtaxes douanières en 2011.
Pour le député européen Verts José Bové, la conclusion de l’accord est une “belle victoire”. “Le litige est clos sans que l’Union européenne ait eu besoin de modifier les standards sanitaires qu’elle applique en interne pour protéger ses consommateurs”, a-t-il souligné.
Le Français, à la pointe du combat contre l’importation de boeuf aux hormones, avait notamment organisé en 1999 avec d’autres militants de la Confédération paysanne le “démontage” du restaurant McDonald’s de Millau (sud-ouest de la France) pour protester contre la décision de l’OMC d’autoriser les sanctions américaines.
“C’est une victoire de la diplomatie européenne, mais c’est surtout une victoire du respect des consommateurs européens”, s’est félicitée la délégation française du Parti populaire européen (PPE, conservateurs).
Le règlement du litige entre les Etats-Unis et l’UE devenait d’autant plus pressant que Washington avait engagé une réforme du régime de sanctions qui aurait fait grimper leur coût pour les importateurs européens.
D’autres contentieux liés à la viande bovine attendent toujours d’être résolus. Ainsi les Etats-Unis maintiennent-ils l’embargo sur la viande bovine européenne décidé lors de la crise de la vache folle, alors-même que celle-ci a disparu du continent. La rapporteur du texte adopté mercredi à Strasbourg, Godelieve Quisthoudt-Rowohl, a dénoncé une interdiction “inacceptable”, tout en faisant état de progrès sur ce dossier, avec la publication vendredi par les autorités américaines d’un projet de norme sur le sujet.
Les Etats-Unis attendent pour leur part que l’Union européenne autorise le traitement des carcasses et découpes de boeuf à l’acide lactique. Plusieurs pays dont la France s’opposent à cette pratique. Un accord pourrait être trouvé grâce à un étiquetage pour informer les consommateurs, a-t-on indiqué de source européenne.