à la Défense (Photo : Loic Venance) |
[16/03/2012 18:57:01] PARIS (AFP) Areva a confirmé vendredi la vente de ses 26% dans Eramet au FSI pour près de 800 millions d’euros, une opération qui va redresser les comptes du groupe nucléaire, tout en cimentant la présence de l’Etat dans ce fleuron minier jouant un rôle central en Nouvelle-Calédonie.
Le groupe nucléaire public a indiqué dans un communiqué qu’il avait signé avec le Fonds stratégique d’investissement (FSI) un contrat portant sur la cession de sa participation dans Eramet, au prix de 776 millions d’euros.
Areva avait déjà indiqué au début du mois s’être entendu sur la vente à ce prix de ses actions d’Eramet au fonds d’investissement public, avec lequel il était entré en négociations exclusives fin décembre. Cet accord de principe restait toutefois à formaliser juridiquement, d’où le contrat de vente signé ce vendredi.
La conclusion définitive de la transaction reste encore soumise à l’accord de l’AMF et aux feux verts nécessaires en matière de concurrence.
Le montage financier n’a par ailleurs pas été précisé. Le directeur général de la Caisse des dépôts (qui détient 51% du FSI), Augustin de Romanet, avait indiqué le 2 mars que la transaction dans Eramet serait réglée pour partie en numéraire et pour partie en titres d’entreprises cotées.
Cette cession va aider Areva à remplir son plan de cessions lancé en décembre, et qui vise à récolter au moins 1,2 milliard d’euros d’ici 2013. “Sa réalisation contribuera ainsi au financement du programme d’investissements stratégiques et de sûreté du groupe”, a souligné son président Luc Oursel, cité dans le communiqué.
Ce programme de cessions fait partie du plan de restructuration “Action 2016” dévoilé en décembre par le groupe nucléaire, afin de restaurer ses comptes plombés par la catastrophe de Fukushima et de lourdes dépréciations dans les mines d’uranium.
Areva s’était dit le 2 mars être “en bonne voie” de remplir une grande part de cet objectif dès 2012, avec plus d’un milliard d’euros de cessions d’ores et déjà engagées (y compris les 26% dans Eramet).
Et ce jeudi, le producteur d’or canadien La Mancha, filiale à 63,3% d’Areva qui vaut en Bourse plus de 400 millions d’euros, a été officiellement mis en vente.
L’Etat, via le FSI, souhaite conserver dans son giron la participation clef d’Areva dans Eramet, alors que ce dernier, spécialisé dans l’extraction du minerai de nickel, profite à plein de l’explosion de la demande de matières premières sous l’impulsion de la croissance chinoise.
En outre, Eramet exploite d’immenses gisements en Nouvelle-Calédonie, qui sont au coeur des tensions entre les Kanaks et les Calédoniens d’origine européenne, et figurent au centre des débats sur l’avenir de cet archipel ultramarin.
Selon des informations de presse, la Société minière du Sud pacifique (SMSP), dirigée par les indépendantistes de la province Nord de la Nouvelle-Calédonie, avait proposé à Areva de racheter ses parts. Mais le président de la République Nicolas Sarkozy avait assuré cet été, au cours d’une visite à Nouméa, que “la France gardera de façon certaine le contrôle du capital d’Eramet”.
Eramet, qui produit du nickel, du manganèse et des alliages, est détenu à 37% par la famille Duval, aux côtés d’Areva (26%), Carlo Tassara (13%, holding de l’homme d’affaires Romain Zaleski), et du territoire de Nouvelle-Calédonie (4%), le reste de son capital étant coté en Bourse.
Le groupe minier s’était par ailleurs entendu en 2010 sur le principe d’une entrée à son capital du Gabon, déjà actionnaire de sa filiale Comilog. Une opération qui pourrait suivre le rachat des parts d’Areva par le FSI.