La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse nationale de
retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) passent, depuis quelques années, par
une situation financière difficile qui risque de s’aggraver, au cours des
prochaines années.
Dès 2005, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a tiré la sonnette
d’alarme à lumière des résultats d’une étude qui prévoit le tarissement des
ressources des Caisses sociales entre 2014 et 2015, si la situation actuelle
persiste.
Pour sortir de cette crise et rétablir l’équilibre financier des caisses
sociales tunisiennes,
l’UGTT propose d’approfondir l’examen de la réalité et des
perspectives de l’emploi, dans le pays, et de rompre avec le travail précaire.
Le coordinateur au département de la couverture sociale, de la santé et de la
sécurité au travail, relevant de l’UGTT, Fethi Ayari, explique, à ce propos, que
les ressources des deux caisses sociales se développent grâce à la croissance de
l’emploi, du fait que les cotisations des salariés et des employeurs sont
obligatoires. Il a, dans ce sens, insisté sur la nécessité de lutter contre le
phénomène de l’emploi précaire qui menace, dangereusement, les ressources des
caisses et leurs équilibres.
Le responsable syndical a appelé à la diversification des sources de financement
des caisses, en vue de préserver le pouvoir d’achat des salariés et les postes
d’emploi. Il a, en outre, recommandé de ne pas alourdir les charges sociales qui
sont considérées comme la principale cause de l’endettement des entreprises.
L’orateur a, par ailleurs, insisté sur l’importance de séparer, clairement, la
sécurité sociale fondée sur la cotisation et la solidarité sociale qui est de la
responsabilité de l’Etat.
Selon les spécialistes, les retombées négatives des choix économiques de l’Etat,
le libéralisme et la baisse de la capacité de l’économie nationale de créer de
nouveaux postes d’emploi sont parmi les raisons qui ont conduit au déficit de la
CNSS et de la CNRPS.
Cette crise financière est due, aussi, selon les résultats de l’étude de l’UGTT,
à l’augmentation du taux de chômage et à l’apparition de nouveaux modes
d’emplois précaires fondés sur la sous-traitance et les contrats à durée
déterminée, ainsi que le recours de plusieurs entreprises économiques, en
particulier dans le secteur privé, à l’emploi des retraités.
Cette situation difficile est, également, la conséquence de la privatisation des
entreprises publiques qui a engendré des licenciements et la mise à la retraite
anticipée d’un grand nombre de travailleurs. Le déficit s’explique, en outre,
par l’amélioration de l’espérance de vie à la naissance, en Tunisie, et
l’élargissement de la couverture sociale, ces dernières années, aux catégories à
faible revenu.
La sécurité sociale a, d’autre part, supporté des charges hors du domaine de ses
responsabilités principales, que ce soit au profit des affiliés ou des
non-affiliés parmi les catégories sociales aux besoins spécifiques, des charges
qui relèvent plutôt de la solidarité sociale.
Le coordinateur indique que la résolution du problème, actuel, de la sécurité
sociale, en Tunisie, exige du courage, de l’esprit de responsabilité et de la
volonté politique. Il est nécessaire, ajoute-t-il, d’analyser la situation, de
déterminer avec précision et crédibilité les défaillances et de proposer les
solutions urgentes et à long terme, en vue de garantir les équilibres des
régimes des salaires et leur pérennité, au moins jusqu’en 2030.
Les statistiques établies, en 2009, par l’UGTT montrent que la situation
financière de la CNRPS s’est dégradée, durant la période 2003-2009. Celle-ci est
passée d’un bilan positif de plus de 10 millions de dinars à des résultats
négatifs de moins 23 millions de dinars et ce, malgré les augmentations
successives des cotisations au titre du régime général de retraite. Quant aux
recettes globales de la CNSS, elles ont accusé un déficit de 70 millions de
dinars, en 2009.
Le manque enregistré par la CNSS, souligne Ayari, est dû, principalement, aux
perturbations dans les équilibres financiers du régime des salaires dans le
secteur non-agricole qui représente 70% des cotisations de la Caisse.
L’orateur a expliqué que le déficit dans ce secteur s’aggrave, à court et à
moyen termes, et représente une menace directe pour la pérennité des caisses
sociales.
Plus de 80 pc des Tunisiens bénéficient des services de la sécurité sociale
d’une manière directe ou indirecte. Il s’agit, notamment, des services
d’assurance contre les risques, tels que les maladies, le handicap, la
vieillesse, les accidents de travail et les maladies professionnelles, ainsi que
d’autres services visant l’amélioration de la condition de vie, dont les
indemnités familiales, le capital- décès et les crédits divers.
WMC/TAP